La course à pied
L'évolution de la course à pied dans les archives de la préfecture
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Ce mois-ci, les Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques vous proposent de découvrir un pan de l’histoire de la course à pied en analysant une source de celle-ci, les archives du bureau de la circulation de la préfecture des Pyrénées-Atlantiques.
Deux versements du bureau de la circulation routière concernent le service des manifestations sportives. Il s’agit des versements 1674 W et 1838 W.
1674 W | versement de mars 2003 | 2.15 mètres linéaires | 18 articles |
1838 W | versement de janvier 2008 | 5.6 mètres linéaires | 49 articles |
Ils émanent du service autorisant la tenue de courses (pédestres, cyclistes, automobiles ou autres) sur la voie publique et définissant les conditions de celles-ci. Les archives versées concernent la période 1990-2005.
Les dossiers se composent des demandes des organisateurs, la correspondance entre les différentes administrations, et les arrêtés d’autorisation de course.
Le détail de ces versements est précisé par cote ou article dans un bordereau de versement. Ce type d’instrument de recherche n’est actuellement consultable qu’en salle de lecture, sous format papier.
Tous les dossiers de toutes les années n’ont pas été conservés, en raison du volume représenté. Un échantillonnage a été effectué pour ne conserver qu’une partie des dossiers, représentatives de l’ensemble des courses et affaires suivies par le service de la préfecture. Cette pratique est courante dans les dossiers sériels des archives contemporaines, dont le volume ne permettrait pas sinon la conservation aux Archives. Afin de garder un échantillon de dossiers représentatifs, les critères de tri peuvent être de plusieurs natures et sont souvent croisés.
Délais de communicabilité des documents : L’ensemble des documents conservés sous ces cotes n’est pas communicable en salle de lecture ni publiable sur internet. En effet, la loi protège les citoyens de la diffusion d’informations recueillies sur leur vie privée, telles que leur adresse par exemple. Le délai de communication est de 50 ans en salle de lecture pour ce type d’information, et de 100 ans pour sa mise en ligne. En salle de lecture, ces cotes sont donc communiquées par extrait, en retirant provisoirement les pièces comprenant ce type d’information lors de sa consultation. Pour ce document du mois, celles-ci n’ont pas été numérisées, ou ont été anonymisées.
L'évolution de la course à pied dans les archives de la préfecture
Alors que les silhouettes de coureurs participent aujourd’hui du panorama quotidien des rues françaises, il faut rappeler que le jogging urbain est un phénomène récent et longtemps marginal. Apparu dans les années 1970, en Europe, aux États-Unis et en Amérique du Sud, il reste longtemps une pratique des milieux contestataires. Dans les mentalités, courir en dehors des stades est perçu comme atypique voire incongru. Pour les médecins, la course sur longue distance est de plus une pratique dangereuse pour la santé. On en interdit notamment la pratique aux enfants, aux femmes, et aux personnes âgées.
Les versements ne concernent que des demandes des années 1990-2000. Deux causes sont possibles : soit il n’y a pas de demande auparavant, soit les documents ne sont pas parvenus aux Archives. Même s’il n’est pas suffisant pour établir une conclusion, le versement 1674 W nous apporte quelques renseignements. Pour de nombreuses courses, le numéro d’édition est mentionné. Il s’agit pour plusieurs courses de la première, deuxième ou troisième édition en 1990, témoignage d'une pratique en développement.
Dans les années 1970-1980, ces courses se développent pourtant. Elles portent des valeurs différentes, sur le bien-être, sur le rapport à la nature, mouvement idéologique notamment porté par la revue Spiridon créée en 1972. Ces coureurs ne se retrouvent pas dans les épreuves d’athlétisme axées sur la compétition. Les pionniers lancent donc leurs épreuves mais sont menacés de sanction par les autorités de tutelle de l’athlétisme telles que la Fédération française d’athlétisme (FFA). Mais face aux succès et à la multiplication des épreuves, la FFA négocie son monopole pour l’organisation de courses.
Dans les années 1980, les courses voient se côtoyer les coureurs devenus presque professionnels des courses longues hors stade, et les coureurs lambda.
C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre les demandes et autorisations d’organisation de courses. La structuration des courses, leur organisation et leur banalisation dans le paysage urbain peuvent être perçues dans ces documents et sont les marqueurs d’une évolution importante.
Ceci est visible en étudiant les obligations réglementaires des demandeurs de cours. Ces exigences vont d’ailleurs aller en s’accentuant. Les formulaires de la commission départementale des courses sur route devenue ensuite commission des courses hors stade montrent le rôle de contrôle des instances sportives.
Les courses se développent également car attirant plus de monde, elles bénéficient du support financier de commerces ou d’entreprises qui les financent. Il n’est pas rare alors que le lieu de départ ou d’arrivée de la course soit non un équipement sportif (comme le stade Tissié à Pau, signe que la compétition hors stade ne se joue plus totalement en dehors des structures dans les années 1990), mais un magasin d’articles et équipements sportifs. Il ne s’agit donc plus d’un sport marginal comme dans les années 1970. D’ailleurs, les demandes d’autorisation de courses laissent également deviner le public ciblé : par leur nature (hommes, femmes mais aussi enfants), comme par leur nombre, les coureurs des années 1990 ressemblent moins aux coureurs solitaires des années 1970.
Organiser une course à pied répond à plusieurs motifs : cela peut correspondre à un événement de la vie locale, qui ponctue une fête de village par exemple. La course peut bien sûr être organisée pour l’organisation d’une épreuve sportive en soi, par les associations sportives locales. Mais elle peut aussi être un événement politique, ou caritatif.
Une source comme celle-ci, bien qu’elle n’offre un regard que partiel sur l’histoire du sport, est donc riche d’enseignements sur les pratiques sportives et leurs évolutions, l’économie du sport, sa dimension sociale ou politique.