Skier

2018

À Gourette

Les débuts du ski (1900-1930)

La légende veut que ce soit à Gourette, en novembre 1903, qu’Henri Sallenave ait effectué la première descente en ski des Pyrénées. Dès cette époque, et de manière croissante au cours du siècle, ce cirque naturel, lieu de pâturage des bergers d’Aas et centre minier, voit sa physionomie, son économie, sa population évoluer. En effet, les concours de ski animent la localité tous les hivers. Chaque semaine, des skieurs du dimanche, issus de la bourgeoisie, viennent du département mais aussi de la région bordelaise pour dévaler les pistes. Dès le premier concours, en 1908, 2000 spectateurs et participants occupent Gourette, lieu-dit qui ne compte pourtant aucun habitant à l’année avant 1931…

Pour connaître l'histoire des premiers concours de ski dans les Pyrénées, consulter le document du mois "Tombe la neige".

Chacun est invité à confectionner ses skis, telle est la proposition du Touring-club de France, envoyée à la préfecture le 27 décembre 1909. (3Z141)

Un développement complexe (1930-1950)

À partir des années 1930, les pâturages de Gourette vont progressivement se transformer, cédant une place toujours plus importante aux sports d’hiver. Les constructions nouvelles sont venues supplanter puis remplacer les cayolars des bergers.

Les premières infrastructures

Les premières constructions sont des habitations de fortune, destinées à accueillir des montagnards aguerris, soucieux de pouvoir passer quelques nuits sur place, mais se contentant d’un confort spartiate. Ce fut d’abord l’aménagement d’un bus hors d’usage, puis celui d’un wagon de train. Puis, rapidement, la société Pau-Béarn sports d’hiver est créée, afin de mener à bien la construction en dur du premier refuge de montagnards, sur le site de l’ancien bâtiment des mines. C’est le Châlet-Hôtel de Gourette (visible sur le film ci-dessous). Par la suite, quelques nouvelles installations touristiques voient le jour, apportant un plus grand confort, tel l’Hôtel Edelweis en 1934, construit par le couple de propriétaires suisses M. et Mme Strub. En 1939, trois hôtels (l’Edelweiss, l’hôtel-brasserie de l’Amoulat, le Chalet-Hôtel) et un restaurant (le restaurant Caillau) composent le paysage touristique de Gourette, attirant toujours plus de nouveaux visiteurs.

Le Chalet-Hôtel (4 Fi 1572) Photographie M. Machatschek.
Rapport de l'inspecteur des Eaux-et-Forêts en 1934 (8 M 31).

L'accueil des populations locales

Le développement de la station de sports d’hiver ne va pas sans alerter la population locale, dont la principale activité sur le territoire est le pastoralisme. Dès l’origine des projets de construction destinés aux sports d’hiver, une certaine réticence se fait sentir (coups de fusil, incendie de l’ancien bâtiment minier – récit de P. Minvielle). Des habitants de la vallée d’Ossau, notamment de la commune de Béost, attirent l’attention du ministre de l’Éducation nationale, dont dépend la direction des Sites et Monuments historiques, sur les remontées mécaniques installées sur leur territoire sans autorisation préalable. En effet, ces projets empiètent sur le site naturel du cirque de Gourette.

La direction générale des sites et monuments historiques va émettre plusieurs avis favorables pour l’installation d’un téléphérique ainsi que d’autres types de remontées mécaniques, dans le but de favoriser la modernisation des sports d’hiver. Pour sa part, le Conseil municipal des Eaux-Bonnes émet des réserves au sujet du classement du cirque, car il craint de ne plus pouvoir autoriser lui-même la construction des cabanes de bergers, saloirs et corraus (enclos), ni de pouvoir exploiter une carrière sur un site où est prévue l’installation d’un téléphérique.

Délibération du conseil municipal de 1936 (8 M 31)
Correspondance du maire des Eaux-Bonnes au préfet, 1938 (8 M 31)

Plusieurs échanges de courrier entre le préfet des Basses-Pyrénées et la direction générale de sites et monuments historiques témoignent d’un certain agacement de la part de l’administration quant à la contestation locale face au développement touristique de Gourette. Le classement du cirque de Gourette contribue au déclin progressif de l’activité principale de la vallée, le pastoralisme, au profit des sports d’hiver.

Ski à Gourette en janvier 1939. Fonds Léonard Berrogain (5 NUM 21/40)

Vidéo de la station de Gourette en janvier 1939. Fonds Léonard Berrogain (5 NUM 21/40)

Les années 1940

La Seconde guerre mondiale arrivant, le développement de la station de Gourette va connaître un certain ralentissement, notamment du fait de la difficulté de l’entretien de l’accès routier à la station entre les Eaux-Bonnes et Gourette, le chasse-neige ayant été réquisitionné par l’autorité militaire.

L’essor de la station (1950-1964)

Monte-pente (4 Fi 1580) Photographie M. Machatschek.

Les années 1950-1960 sont marquées par un nouvel élan dans la mise en place d’infrastructures. Celles-ci sont perçues comme une nécessité pour faire face à la concurrence des stations voisines telles que Barèges. On considère qu’en 1954, la question de l’accessibilité de la station est résolue, grâce à la finalisation du troisième paravalanche.

Mais pour les fervents de Gourette, deux points restent à améliorer : la capacité d’accueil et l’équipement en remontées mécaniques. Le premier point est résolu avec l’achèvement du VVF en 1964 : Gourette passe de 200 à 1000 lits pour héberger les skieurs de passage. Quant au second, la mise en service de trois nouveaux téléskis en 1961 améliore grandement l’accessibilité des pistes. La fréquentation de la station est alors en forte hausse.


On peut alors parler de station de sports d’hiver, puisque ce lieu a acquis un caractère urbain.
Ces aménagements matériels s’accompagnent du développement de structures d’encadrement telles que le détachement de gendarmerie, qui assure le secours sur les pistes et la sécurité.

Le télébenne de Gourette

L'un de ces projets d’envergure va modifier le devenir de la station. La municipalité des Eaux-Bonnes, qui possède ces terrains, envisage en 1956 la création d’un télébenne, un téléphérique à plusieurs cabines fonctionnant par câble. Il serait géré en régie municipale. Mais l’investissement financier est extrêmement important au regard du budget de la commune qui rencontre rapidement des difficultés de recouvrement de ses créances. En conséquence, le préfet décide en 1961 que la station passe au Département, qui prend en charge le financement du télébenne de Gourette. Les terres deviennent propriété du Département. Ainsi, une nouvelle ère s’ouvre pour la station de Gourette, devenue l’une des premières stations départementales de France.

Sources

Bibliothèque

Gourette, d’hier à aujourd’hui, Arripe René, 1996. (BIB U6759)

Aux origines du tourisme dans les pays de l’Adour, Chadefaud Michel, université de Pau 1987. (BIB UMB75)

Une enfance à Gourette, Minvielle Pierre, 2013. (BIB UP161)

Archives

Fonds de la préfecture : 8 M 31 : Tourisme (1894-1940).

Fonds de la sous-préfecture d'Oloron : 3 Z 141 : Sports d'hiver ; tourisme à Bedous (1909-1924).

Fonds Berrogain : 5 NUM 21/40 : la station de Gourette en 1939.

Affiche des télé-cabines de Gourette (7 Fi 538)

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