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La lecture de divers journaux locaux de la première moitié du XXe siècle tels L’Indépendant des Basses-Pyrénées, L’Eclair des Pyrénées et La République des Pyrénées révèle l’évolution du mythique Tour de France ainsi que la manière dont cette information est traitée, à travers notamment quelques exploits de régionaux de l’étape.
Cliquez sur les unes de journaux pour consulter les articles relatifs au Tour. Les numéros de la République des Pyrénées postérieurs à 1944 sont disponibles sur le site internet du journal.
Pour sa 4ème édition, le Tour de France 1906 réunit 82 partants. Seuls 14 arriveront au terme des 13 étapes et de leurs 4500 kilomètres, en raison des nombreuses disqualifications dues aux abandons ou tricheries diverses (certains coureurs utilisent le train ou l’automobile).
L’Indépendant paru le 19 juillet résume notamment la 8e étape entre Toulouse et Bayonne passant par Auch et Pau. Le journal L’Auto, organisateur de l’évènement, a ses correspondants sur place, en charge du commissariat de course et de la médiatisation de l’évènement. Les 19 qualifiés, partis à 5 h du matin, doivent valider leur passage en signant aux points de contrôle reliés par téléphone jalonnant le parcours, sous l’œil vigilant des membres du Véloce Club de Pau qui guident les coureurs dans la traversée de Pau.
Des « concessionnaires » tels l’Alcyon et Peugeot correspondent aux équipes d’aujourd’hui. Ils fabriquent les cycles, assurent la maintenance du matériel et le ravitaillement à base de « consommé, lait de poule, oeufs, limonade… » et coordonnent la présence de soigneurs aux points de contrôle intermédiaires des étapes permettant aux coureurs de faire des pauses.
L’année 1910 marque les premiers passages par des cols pyrénéens. Six d’entre eux sont à franchir au cours d’une étape hors normes : Peyresourde (1569 m), Aspin (1497 m), Tourmalet (2122m), à l’époque l’« une des routes carrossables les plus élevées de l’Europe », Soulor (1474 m), Couret (1199 m), Aubisque (1710 m). Octave Lapize, arrivé en tête au sommet de l’Aubisque lors de cette fameuse 10e étape, criera aux organisateurs « Vous êtes des assassins !!! ».
En 1928, sur le parcours reliant en trois étapes Les Sables-d’Olonne à Luchon, L’Indépendant propose une description très détaillée des participants « pour reconnaitre les Tour de France ». En effet, c’est la seule manière d’avoir des informations permettant d’identifier les différentes équipes et coureurs, par la couleur des maillots et grâce aux descriptions physiques plus ou moins avantageuses qui en sont faites : «nez en coupe-vent», «faciès tourmenté», «allure de singe», «tête d’alouette»… Ainsi, l’équipe du Sud-Ouest, composée de 8 coureurs, est en gris olive avec bande bleu roi ou havane. Dans les années 1930, pas de télévision ni même de photographies dans le journal pour identifier les différents protagonistes !
La 9ème étape (Hendaye – Luchon) se déroule le même jour que la parution du journal, le bouclage est donc serré. L’article restitue les péripéties de la course au plus près, décrivant une « route empierrée parsemée de silex qui occasionnent de nombreuses crevaisons », « de véritables grappes humaines bordant la route forment sous un ciel de feu des guirlandes animées qui vibrent avec cette intensité de gestes et de ton qui est propre des publics méridionaux. »
Dans l’après-guerre apparait dans L’Éclair des Pyrénées un supplément au journal classique, consacré intégralement aux actualités locales essentielles et qui présente également le Tour de France 1947 à sa une. Des sous-tribunes détaillent des données techniques, statistiques mais aussi plus anecdotiques autour de l’évènement : horaires estimés de départ et d’arrivée et heures de passages prévisionnelles dans les différentes villes et au sommet des 4 cols du parcours, tracé du profil de l’étape avec les altitudes matérialisées, classements divers, meilleur grimpeur, premier à l’arrivée. On y trouve également beaucoup de « réclames ».
A cette date, ils sont 58 encore en course et classés par nations, 7 en tout dont 5 européennes auxquelles s’ajoutent l’ « équipe de France et des étrangers de France ». Les coureurs français sont classés selon leur région d’origine, regroupées en 5 zones.
Les étapes de montagne sont particulièrement attendues et suivies. La tribune principale titrée « L’étape reine Luchon-Pau désignera-t-elle le vainqueur du Tour ? » est accompagnée d’un reportage photo, nouvelle forme du récit de la course qui va se développer au fil du temps.
À la fin des années 1950, la presse révolutionne encore sa manière de traiter le sujet. La République des Pyrénées des samedi 4 et dimanche 5 juillet 1959 présente la 9ème étape courue le 3 juillet entre Bordeaux et Bayonne et les étapes à venir Bayonne - Bagnères-de-Bigorre puis Bagnères-de-Bigorre - St-Gaudens.
En complément de l’actualité locale, nationale et internationale à la une, une information secondaire avec « téléphoto spéciale » annonce le Tour de France qui est traité en double page intérieure. De très nombreuses informations sont développées : les classements tout comme les « images du Tour » occupent une page entière, un reportage photos de l’étape Bordeaux-Bayonne ayant été réalisé par les « envoyés spéciaux » du journal.
Au total, cette édition se compose de 111 coureurs de 12 nationalités et 3 régions « françaises ». Désormais, des renseignements pratiques sur les blocages de routes et déviations figurent également dans le journal. Enfin, il est indiqué qu’un hélicoptère est utilisé pour les secours, alors que de nos jours, il sert surtout à la captation d’images.
La presse régionale se fait également l’écho des exploits des « enfants du pays ». Jean-Baptiste Dortignac, originaire d’Arudy et surnommé la gazelle, s’illustre lors du Tour 1906 en signant le premier au point de contrôle de Pau et arrivant deuxième à Bayonne.
En juillet 1928, le jeune nayais Victor Fontan remporte l’étape Bordeaux-Hendaye. Déjà remarqué lors de nombreuses compétitions telles les tours du Pays basque, de Catalogne et le critérium du Midi, ce « roi de la montagne » est très attendu dans l’étape du lendemain entre Hendaye et Luchon. Les incidents s’enchaînent pourtant, sans compter LA difficulté majeure : l’ascension de deux cols.
« Jamais le passage du Tour n’avait attiré au col d’Aubisque une telle foule de pèlerins : c’est que la grande épreuve nationale avait cette année un intérêt exceptionnel pour les sportifs de la région : voir dans la fameuse rampe de Laruns au col d’Aubisque Fontan et ses hommes… 50 voitures suivent Fontan... petit et ramassé sur son vélo avec qui il semble faire corps ... Les Basques ne cessent d’acclamer leur compatriote ».
« Le roi des grimpeurs » fournit un magnifique effort et rattrape son retard pour « se présenter seul à Montréjeau » à 16h30. Cette année-là, il termine 7ème du classement général, sur 41 coureurs, à l’arrivée à Paris.
Lors du tour 1929, il est deuxième sur ce même parcours pyrénéen mais remporte le maillot jaune. Favori du Tour, sur l’étape du lendemain reliant Luchon à Perpignan, il est contraint à l’abandon du fait d’avoir cassé son vélo, le règlement de l’époque n’en prévoyant pas de rechange et contraignant le concurrent à réparer lui-même, sans aucune aide. En 1930, il prend le départ en tant que capitaine de l’équipe de France mais n’arrive pas au terme de la compétition. En 1980, deux ans avant sa mort, il reçoit un hommage de la direction du Tour de France lors de son passage à Nay.
Marcel Queheille, menuisier de 27 ans, né à Sauguis, petit village entre Tardets et Mauléon et équipier de la formation Ouest-Sud-Ouest, régulièrement vainqueur de nombreuses courses régionales, commence à se faire remarquer au niveau national en 1956 et enfin, « arrive en triomphateur à Bayonne » lors du Tour 1959. Habitué du relief puisqu’il s’entraine habituellement dans les environs de Barcus et dans le col d’Osquich, il est le « prophète en son pays » immortalisé par le reportage photo de La République des Pyrénées des 4 et 5 juillet de cette année. Un encadré titre :
« L’homme du jour Marcel Queheille a fait frémir de joie l’âme des Basques », soutenu, lors de cette étape, par les cris « Aïba Queheille ! ». « Petit mais musclé, deux yeux perçants pleins de simplicité et de malice… son accent chantant souletin… son nez typiquement basque, son éternelle grenouillère de rugbyman au genou gauche font de Queheille, de Mauléon à Tardets, un homme d’une extrême popularité ».
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