Les dernières actualités
29 mai 2024 - événement
29 mai 2024 - actualité
23 mai 2024 - actualité
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de Cookies pour réaliser des statistiques de visites.Cliquez ici pour en savoir plusX
La Première guerre mondiale est une période de deuil pour toutes les familles. Il n’est point de foyer où l’on pleure la mort d’un père, d’un mari, d’un fils. Près de 10 000 Basques et Béarnais perdent la vie lors du conflit. Mais outre son ampleur, ce deuil est d’une nature spécifique, car les familles sont privées de la dépouille de leur proche.
Dès 1914, face à l’ampleur des pertes humaines, les autorités interdisent le transport et la restitution de corps dans la zone des armées (loi du 19 novembre 1914). Les demandes de restitution des familles sont refusées. En temps de guerre, on ne peut pas mobiliser hommes et moyens de locomotion à cette fin.
Face aux terribles pertes de l’année 1914, on renoue avec les tombes collectives en zone de guerre. En 1915, les fosses communes françaises comptent jusqu’à cent corps. Pour les Britanniques en revanche, les fosses n’excèdent pas six corps. Les Allemands eux conservent le principe de tombes individuelles.
Au lendemain de la guerre, les familles font pression pour récupérer les corps de leur défunt. Un projet de loi de 1919 propose de maintenir cet interdit pendant trois années supplémentaires. Dans les faits, les rapatriements restent illégaux. L’opinion publique se saisit de la question alors que des familles organisent ces transferts clandestinement. Il faut attendre la loi budgétaire du 31 juillet 1920 pour mettre fin à cet interdit : l’article 106 crée des crédits et donc de fait le droit de demander le transfert aux frais de l’État des corps de militaires et marins morts pour la France pendant la Première guerre mondiale.
Les familles ont jusqu’au 2 janvier 1921 pour demander le transfert d’un corps. Ceci demande en effet une programmation et une organisation rigoureuse. Les transferts utilisent le réseau ferroviaire. Quatre gares régulatrices rassemblent les corps à déplacer et les renvoient vers leur destination finale : Marseille (corps rapatriés du front d’Orient), Sarrebourg (corps rapatriés d’Allemagne), Creil et Brienne-le-Chateau (zone de guerre française).
Des convois spéciaux acheminent les corps de ces gares régulatrices aux gares régionales, en l’occurrence Bordeaux. De là, les wagons à destination des Basses-Pyrénées sont rattachés à des trains d’exploitation pour Bayonne, gare départementale qui accueille tous les convois.
En gare de Bayonne, les familles ne peuvent pas encore récupérer les dépouilles de leur soldat (à l’exception des soldats devant être réinhumés à Bayonne). Les corps sont placés dans un dépositoire avant de terminer leur trajet. La manutention des corps est souvent effectuée la nuit pour ne pas heurter la sensibilité des populations locales. Les frais du délégué du préfet, dont la présence est obligatoire lors de l’ouverture des wagons, en attestent.
Le premier convoi arrive à Bayonne le 5 mars 1921. Le retour des premiers corps est marqué par des cérémonies d’hommage solennel, comme à Biarritz.
Le maire ou une personne désignée par lui accompagne le corps pour son dernier voyage, de Bayonne à la commune d’inhumation. Il s’agit souvent d’un conseiller municipal, d’un employé communal ou garde forestier, ou d’un directeur de pompes funèbres pour les plus grandes communes.
Les communes avancent les frais liés au transport du corps et de la personne l’accompagnant depuis Bayonne. Le préfet rembourse ensuite ces frais sur des crédits alloués par le ministère des pensions.
Les convois arrivent progressivement selon une répartition géographique. Les premiers concernent la zone des armées métropolitaines, les corps rapatriés du front de l’Orient n’arrivent qu’en 1922. Dans le département, les derniers convois arrivent en 1923.
Bien que très organisés, des incidents sont arrivés lors de ces voyages, certaines familles ne reconnaissant pas cercueil et dépouille de leur proche. La correspondance témoigne alors du désarroi de ces familles, privée d’un dernier hommage à leur défunt.
Derrière les documents administratifs d’organisation et de remboursement de ces convois, des années de souffrance affleurent.