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La Guerre Civile d’Espagne débute en juillet 1936 par un soulèvement militaire mené par le général Franco, qui fait vaciller la IIème République établie en 1931. Elle est dirigée depuis le printemps 1936 par les forces de gauche regroupées dans le cadre d’un Front populaire. La zone frontalière du sud de la France est directement concernée par l’évolution de la situation : le Pays Basque républicain autonome dès octobre 1936, violences de guerre au printemps 1937 (Guernica) et surtout premier flux de réfugiés vers Luchon après l’offensive franquiste du printemps 1938 qui coupe les territoires républicains en deux en envahissant l’est de l’Aragon et la Catalogne.
On estime à près de 500 000 le nombre de réfugiés espagnols qui arrivent en France en 1939. Cette arrivée est massive et soudaine : l’exode se déroule sur quelques semaines à peine, laissant peu de temps pour organiser ces flux. Outre sa proximité géographique, la France jouit d’une réputation de terre d’accueil. Pays de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, elle se doit d’aider ces individus. Mais le contexte national (crise économique, gouvernement conservateur au pouvoir, accroissement du sentiment xénophobe) et l’ampleur de l’immigration rendent les conditions d’accueil très défavorables.
Différentes stratégies sont mises en place pour gérer et réduire ces flux de population. Ses arguments sont clairement énoncés dans la correspondance entre le préfet et le sous-préfet d’Oloron.
Plusieurs solutions sont mises en place pour héberger ces réfugiés :
L’administration encourage le retour vers l’Espagne. On signale aux intéressés, « avec discrétion et persévérance », les avantages à regagner leur pays après un moment de panique ayant déclenché leur départ. Bien sûr, le rapatriement doit rester volontaire et ne peut être forcé, uniquement encouragé. Dans le département, les départs ont lieu par Hendaye. En juin 1939, près de 300 personnes par jour retournent en Espagne.
Le deuxième moyen de limiter la présence espagnole est d’envoyer les réfugiés dans d’autres pays. En 1939, trois expéditions collectives sont organisées en France vers le Mexique. Près de 6000 réfugiés sont concernés à l'échelle nationale.
Cette politique se poursuit jusqu’en 1942 en vertu des accords passés entre la France et le Mexique. Pour le Mexique, l’enjeu est politique et économique. Peu d’expéditions ont lieu après 1939, notamment en raison de l’opposition des autorités allemandes. Mais le Mexique apporte son soutien financier aux réfugiés espagnols jusqu’en 1944.
Les réfugiés espagnols…. Ne sont pas tous espagnols ! Les anciens combattants des Brigades internationales ont quitté leur pays en 1936, voire avant. Ils ont combattu sous un autre drapeau. Leur rapatriement pose parfois problème. Nombre d’entre eux sont renvoyés vers la Belgique.
En 1939, on encourage aussi les hommes à s’engager dans la légion étrangère.
Une fois en France, les déplacements des réfugiés ne cessent pas pour autant. L’exode a souvent séparé les familles. Les préfectures doivent gérer les demandes de transfert. Ces demandes concernent toute la France. Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, on demande à être envoyé dans un camp pour retrouver son conjoint, on demande à quitter un camp pour être hébergé chez un cousin. Parfois, on écrit pour savoir si un fils perdu de vue est hébergé dans le département.
Pour la sous-préfecture, il faut gérer ces demandes quotidiennes de départs et d’arrivées dans l’arrondissement.
L’autre préoccupation de la sous-préfecture est de s’assurer de l’hébergement et du ravitaillement de ces réfugiés. Les documents issus du fonds de la sous-préfecture d’Oloron témoignent du ravitaillement des réfugiés espagnols entre mars et juillet 1939 en Béarn et Pays Basque. Dès le mois de février, face à l’afflux de réfugiés, une lettre circulaire du préfet demande aux maires de l’arrondissement de prévoir l’organisation de l’hébergement et du ravitaillement.
Ce ravitaillement est strictement encadré, avec l’octroi d’une somme forfaitaire par réfugié fixée à 6 ou 7 francs par jour. Cette somme est versée par l’administration préfectorale soit directement aux familles « d’accueil » soit par les maires aux fournisseurs qui leur permettent de distribuer des repas aux réfugiés qui n’ont pas été affectés dans une famille. Les maires font alors appel à des centres d’hébergement collectifs comme des hospices. Cette somme est en partie revalorisée au cours de l’été 1939.
Certains commerçants, restaurateurs et aubergistes assurent ce ravitaillement.
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