Les dernières actualités
29 mai 2024 - événement
29 mai 2024 - actualité
23 mai 2024 - actualité
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de Cookies pour réaliser des statistiques de visites.Cliquez ici pour en savoir plusX
En 1960, Nikita Khrouchtchev, président du Conseil des ministres de l’URSS (Union des républiques socialistes soviétiques), est le premier dirigeant soviétique à visiter la France depuis 1917. Sa visite, en pleine guerre froide, est un symbole fort pour le président de Gaulle. Les deux blocs soviétiques et américains sont en période de coexistence pacifique. De Gaulle refuse la logique des blocs et veut affirmer le rôle de la France. Il accueille donc N. Khrouchtchev du 23 mars au 3 avril 1960. Après trois jours à Paris, le dirigeant soviétique entame un tour de France qui fait étape le 26 mars 1960 à Pau.
Comme dans tout voyage, la visite de « Monsieur K. » s’accompagne de nombreux préparatifs… Quand on est un dirigeant d’une grande puissance mondiale, c’est le cabinet du préfet qui doit gérer ces questions ! Dans les documents relatifs aux préparations de ce voyage, les petits détails jouxtent les enjeux de politique internationale. Les contraintes techniques d’une telle visite sont en effet nombreuses…
Monsieur K. atterrit à l’aéroport de Tarbes au matin du 26 mars. De là, il se rend en voiture à Lacq, puis Mourenx, avant une cérémonie devant les corps constitués au château de Pau et un repas à la villa préfectorale. Le lendemain, N. Khrouchtchev dispose d’un temps libre, pendant lequel il se promène dans les jardins de la préfecture et dans Pau, avant de repartir pour Istres.
La visite de la coopérative de maïs, initialement prévue, a été retirée du programme. Pour satisfaire les demandes du monde agricole mécontent, le président de l’association général des producteurs de maïs, L. Bidau, est convié au repas à la préfecture le 26 au soir.
Consulter le programme détaillée de la visite du dirigeant soviétique.
Le dirigeant soviétique, comme tout un chacun, ne fait pas montre d’un intérêt constant dans les nombreuses visites commentées qui lui sont faites (parfois techniques). D’après la presse locale, il aurait demandé à son entourage, alors qu’un ingénieur lui présentait avec force détails l’usine de Lacq « vous pensez qu’il y aura moyen pour moi de rentrer cette année à Moscou ? ».
Tous les déplacements dans Pau et le Béarn sont précisément programmés pour sécuriser le cortège, du parcours dans le département au défilé des voitures devant l’estrade à Lacq. Le convoi est décrit, avec détail des convives dans chaque véhicule, dans le respect du protocole. Une personne est joignable en permanence à la préfecture, des garagistes sont mobilisés en cas de dépannage d’automobiles.
Le voyage de Khrouchtchev a lieu en pleine crise algérienne. La position de l’URSS est ambigüe sur ce sujet. La France souhaite un geste de soutien du dirigeant soviétique, en inscrivant dans le périple de celui-ci une étape à Hassi-Messaoud. Ce passage en Algérie était prévu juste après le séjour à Pau. On en trouve donc traces dans les préparatifs du programme. Mais face à l’attitude des soviétiques, dont de Gaulle apprend qu’ils conseillent le FLN, le président français qui avait pourtant insisté sur ce programme interrompt les discussions sur l’Algérie et annule cette étape.
Le convoi est composé de soviétiques et de français : hommes politiques, famille de ceux-ci, journalistes, techniciens, mais aussi, pour la partie française, de deux interprètes. Pierre Joxe, ministre de l’éducation nationale, représente le gouvernement français lors de l’étape paloise. La délégation soviétique comprend soixante-six personnes.
La sécurité du convoi est assurée par les forces de police et gendarmerie locales, assistées de plus de 1200 forces supplémentaires (CRS et forces de police venus d’autres départements). Un élément entrave cependant la gestion de la sécurité du convoi : le chef d’escadron commandant le groupement de gendarmerie des Basses-Pyrénées, connaissant parfaitement le département, doit partir à la retraite le15 mars. Malgré les demandes de la préfecture, son départ ne peut être reporté… Pour encadrer le convoi, on fait venir des barrières métalliques de Rennes. Les Basses-Pyrénées n’en disposaient pas suffisamment.
La circulation est réglementée sur les routes, mais aussi dans les airs. Pendant le séjour de N. Khrouchtchev, les vols sont interdits. Cette mesure de sécurité n’est pas sans revers pour le préfet, qui doit concilier cet ordre avec les demandes de survol en hélicoptère de la presse nationale.
Comme pour les véhicules, les membres de la délégation sont répartis dans les différents hôtels de Pau. Un crédit est alloué par le ministère des Affaires étrangères pour ces dépenses. N. Khrouchtchev réside à la villa préfectorale. C’est là qu’ont lieu la réception et le repas du 26 mars au soir. Cette cérémonie est décrite avec détails dans la presse locale.
Des groupes folkloriques dansent lors de ce repas (Lou Ceu de Pau, Oldarra, les Izards). On échange caviar et vodka contre fromage et chistera garnie d’Izarra (liqueur basque à base de plantes).
La préfecture et les services de police surveillent l’opinion et les manifestations pouvant avoir lieu autour de cette visite. Le but est double : éviter les manifestations hostiles, qui feraient mauvaise impression et nuiraient à la politique extérieure française, et éviter les manifestations trop importantes des communistes en faveur du dirigeant étranger, tribune pour les opposants politiques de de Gaulle. On vérifie donc l’activité des pro et antisoviétiques.
Cette surveillance s’exerce avant, pendant et après la visite. Les ressortissants soviétiques en France sont repérés et contrôlés (un fascicule avec leur photographie et leur identité est distribué aux préfectures), voire transférés en Corse pour la durée du voyage de Khrouchtchev. Des affiches rappelant l’intervention soviétique durant l’insurrection de Budapest de 1956 contre l’URSS sont retrouvées à Pau mais aussi Biarritz entre le 21 et le 26 mars.