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Le département des Basses-Pyrénées entre dans la modernité dès le Second Empire en développant ses premières voies de chemin de fer. Bayonne est relié à Dax dès 1855 puis à Irun en 1864. La ligne jusqu’à Pau est créée dans le même temps et à partir de 1866 il est possible de rallier Toulouse en passant par Lourdes et Tarbes.
Il faut attendre 1883 pour voyager de Pau à Oloron , première étape à la future et mythique ligne transpyrénéenne, la « Paris-Madrid ».
Mais modernité ne rime pas toujours avec progrès. Bayonne, Anglet et Biarritz font les frais du passage du chemin de fer sur leur territoire.
Auparavant, les échanges commerciaux entre les trois villes faisaient la richesse de leurs habitants qui empruntaient la nationale 10 où se croisaient charrettes, calèches, omnibus et voitures de luxe. Les riches propriétaires construisaient de magnifiques villas sur ses abords pour les habiter ou les louer à l’année.
La mise en service de la première ligne de chemin de fer de Bayonne à Biarritz (B.A.B), inaugurée en 1877, sonna le glas de cette époque. Un mémoire descriptif de 1882 de la ville de Bayonne (E dépôt Bayonne 2O5) rend compte de la situation préoccupante précisant que le train, dès 1877, « ne tarda pas à absorber toute la circulation des voyageurs ». L’activité commerciale ayant disparu, les belles villas ne trouvaient plus de propriétaires.
Devant l’urgence de retrouver l’activité économique perdue, on suggère alors l’édification d’une ligne de tramway à vapeur de Bayonne à Biarritz en passant par Anglet (baptisée ligne B.A.B.), le long de la nationale 10 qui « facilitera le trafic des marchandises […] et aussi pour les personnes qui vont prendre des bains de mer ». Un embranchement est prévu pour le lycée Marracq (ligne B.L.B.), établissement universitaire, dont l’accès est ainsi facilité : « les élèves s’y rendront commodément et à bon marché […] Le lycée verra s’augmenter rapidement le nombre de ses externes et de ses demi-pensionnaires. » (mémoire descriptif, E dépôt Bayonne 2O5)
La construction nécessite plusieurs modifications du trajet et du cahier des charges. Le tracé est approuvé par décision ministérielle le 23 novembre 1886. Les travaux s’achèvent en 1888.
Le petit tramway soufflait son panache de fumée depuis la mairie de Bayonne, longeait les glacis et, arrivé au poste de Saint-Léon, prenait la direction de Biarritz ou de Marracq. Le trafic était important et les sujets de discorde également : moins d’un an après la mise en service, les douaniers postés dans l’actuelle mairie rendent compte de « la situation intolérable… par la station de tramways installée sous leurs fenêtres qui dégage fumée, gaz et odeurs malsaines nuisant à la santé et au travail des employés. » À l’époque, les administrations avaient pour obligation de laisser leurs portes grandes ouvertes (lettre au Préfet, 7S 183/206). La gare de tramway de Bayonne est déplacée sur la place d’Armes quelques temps plus tard.
Si à Bayonne, la mise en place du tramway à vapeur vise à relancer la desserte de quartiers le long de la route nationale 10, il s’agit à Pau, à partir de 1897, de créer un réseau de tramways électriques pour compléter au niveau urbain les lignes déjà existantes des tramways départementaux.
On projette de construire trois lignes qui rejoindront les grands axes de sortie de la ville. Ainsi, depuis la gare, il sera possible de rejoindre au sud le carrefour de la Croix-du-Prince à Jurançon (ligne n°1), au nord la villa Pompéi, aujourd’hui lycée Immaculée Conception (ligne n°2) et à l’est le boulevard Guillemin ou entrée des Allées de Morlaàs (ligne n°3).
Les trois lignes passeront toutes par la place de la Nouvelle-Halle (place Clémenceau).
Afin d’assurer la mise en place et l’exploitation du tramway palois, la Société Béarnaise des Tramways urbains est créée en 1897 et une convention est signée avec Henri Faisans, maire, en décembre 1898.
L’enquête préalable à la déclaration d’utilité publique est lancée à l’été 1898, soit 10 ans après la mise en service du tramway de Bayonne.
Mais comme à Bayonne, les protestations ne se firent pas attendre : un collectif de propriétaires de la rue Serviez, sur le trajet de la ligne n°2, adresse à la mairie leurs plus vives protestations quant aux nuisances dont ce tramway sera responsable, perturbant la circulation des palois et des étrangers nombreux dans la cité ainsi que les marchés de la place des Sept Cantons (7 S 783/44). Le Vice-Consul d’Angleterre, quant à lui, agit dans l’intérêt des membres de la Congrégation du Christ Church, rue Serviez et ne souhaite pas que le culte soit perturbé par le passage du tramway (7 S 183/44).
Malgré tout, l’ouverture à l’exploitation des trois lignes se fait le 1er mars 1901 et la ville apprend doucement à vivre avec le progrès : loin de son active jumelle basque, Pau est une belle endormie en ce début de siècle. La douceur de vivre béarnaise est partout présente dans une ville soucieuse de satisfaire les riches étrangers venus goûter aux plaisirs du golf, de la chasse à courre et des casinos.
Ce n’est qu’à partir des années 1920 que la ville voit une augmentation notable du trafic des automobiles. Les autobus font également leur apparition : plus rapides et plus modernes, ils sont responsables, avec les voitures, de la disparition du réseau des tramways de Pau en 1928.
Aujourd’hui, les trajets d’hier empruntés par le tramway se confondent avec nos déplacements quotidiens : le « Fébus » rend hommage à son ancêtre sur la côte de la gare.
Dans la ville, les projets ferroviaires ont laissé des traces. La coulée verte qui traverse Billère est le reflet du tracé de la ligne Paris-Madrid. Le projet a été avorté, mais il en reste une voie de circulation pour les piétons !
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