À grande eau

2020

Les utilisations de l'eau pour laver

Le précédent document du mois l’a montré, l’eau n’arrive que très tardivement au domicile de chacun. Elle est pourtant essentielle au développement de la ville et au bien-être des habitants et va très tôt marquer l’architecture urbaine.

Laver : les lavoirs

Les lavoirs sont des bassins d’eau, souvent publics, permettant de brosser le linge, le rincer et parfois, lorsqu’ils comprennent plusieurs bassins, de le savonner. Initialement dans des espaces naturels, le lavoir devient progressivement une structure architecturale, dont la présence maille l’ensemble du territoire départemental.

L’architecture des lavoirs est souvent simple et on peut aujourd’hui encore les repérer aisément dans l’espace urbain. Ils comprennent un grand bassin alimenté en eau courante. Ils peuvent être couverts et permettent à trois à quinze personnes de travailler simultanément. Des dalles ou pierres sont souvent à la disposition des lavandières pour frotter le linge.

L’eau a un coût. Laver le linge demande moins d’eau que le rincer, c’est pourquoi c’est cette tache essentiellement qui est effectuée au lavoir. On ne lave d’ailleurs pas tout son linge en public. Il s’agit essentiellement du linge de maison.

Plan d'un projet de lavoir route de Pau en 1896 (E dépôt Orthez 1M5)

Les lavoirs ne pouvaient être fréquentés que par les femmes. Les hommes n’étaient admis que pour le transport et le dépôt du linge. Les règlements de police prévoyaient même une amende pour les contrevenants. Cette particularité en a fait des lieux de sociabilité particulièrement étudiés par les historiens.
Bien que la pratique du lavoir et ses emplacements soient anciens et que nombre d'entre eux soient devenus des édifices construits dès le XVIIIème siècle, ils restent des lieux construits et rénovés par les municipalités jusque dans la première moitié du XXème siècle.

Lavoir sans édifice à Socoa à la fin du XIXe - début du XXe siècle.

À Nay, une étude publiée dans le bulletin des amis de Nay (BIB P69/2005) montre que la ville et ses alentours comprenaient 8 lavoirs publics au XXème siècle, dont un construit après 1900. Les lavoirs privés fleurissent dans les années 1930-1940.
À Bayonne, le lavoir d’Oelh de la Houn, dans le quartier Saint-Esprit, construit dans les années 1950, est encore utilisé aujourd’hui !

Se laver : la mise en place des bains-douches municipaux

La construction de bains-douches s’inscrit dans le courant hygiéniste de la seconde moitié du XIXème siècle. Leur développement s’accélère dans les années 1920 en lien avec le développement des logements sociaux, les habitations à bon marché (HBM). Ce sont des établissements gérés par les municipalités où il est possible, à bas coût, de se laver.

Les HBM sont créées par la loi Siegfried du 30 novembre 1884 qui encourage la construction d’habitation dont les loyers sont modérés. Ils sont transformés en 1950 en HLM (habitation à loyer modéré).

Carnet souche de vente d'entrées pour les bains-douches municipaux (E dépôt Aydius 5I2)

À Hendaye, la construction de bains-douches dans les années 1930 révèle ce lien et la dimension sociale de ces édifices.

Plan de situation des bains-douches (5 M 70)
Plan des bains-douches d'Hendaye construits dans les années 1930 (5 M 70)

Les bains-douches de Bedous

Plan du projet des bains-douches (1930 - E dépôt Bedous 3N3).

En 1928, la municipalité de Bedous décide de faire construire des bains-douches dans la commune. L’édifice est construit en 1931. Il comprend 6 douches. En 1932, le bâtiment est raccordé à l’électricité (notamment utilisée pour le chauffage). La commune valorise cet investissement municipal : les douches sont également utilisées par les colonies pendant les vacances.

Photographie de la façade des bains-douches (1932 - E dépôt Bedous 3N3).

Avec les grands travaux d’après-guerre et l’arrivée du « confort moderne » dans la grande majorité des maisons (eau courante généralisée et électro-ménager), les lavoirs et les bains-douches tombent en désuétude. Mais ceux qui n’ont pas été détruits font, depuis une trentaine d’années, l’objet de restaurations. En effet, les lavoirs appartiennent au « petit patrimoine rural » que les communes ont à cœur de mettre en valeur. Quant aux bains-douches, si certains édifices ont disparu, d’autres, souvent de belle architecture art déco, ont été vendus à des propriétaires privés et transformés en habitations, ce qui les a préservés. C’est le cas par exemple des bains dits "orientaux" de Pau. On pourrait donc penser que la modernité a eu raison de ces infrastructures collectives d’hygiène, mais les laveries peuvent s’apparenter à des lavoirs contemporains. Et les douches publiques existent toujours dans les grandes villes, comme à Pau où elles ont récemment été déplacées du quartier du foirail (en cours de réaménagement) à celui de la caserne Bernadotte.

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