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Ouvrir le robinet et se servir un verre d’eau. Si ce geste nous semble anodin aujourd’hui, il n’a pas toujours coulé de source !
Dès l’Antiquité des travaux hydrauliques sont réalisés pour faciliter l’accès à l’eau et son évacuation mais l’étendue du réseau reste modeste et inégalement développé selon les territoires.
À côté des sources naturelles et des rivières, des puits sont creusés, des citernes aménagées et des fontaines érigées sur initiative privée ou publique. Le transport de l’eau se fait essentiellement à bout de bras depuis ces différents points d’eau. Cette tâche est généralement dévolue aux femmes et aux enfants munis de récipients tels que les pegarras en terre cuite au Pays basque, les herades dans le Béarn ou autres cruches contenant entre 10 et 12 litres.
Comme d’autres villes d’une certaine importance, Pau se lance dans de grands travaux urbains dans la deuxième moitié du XIXe siècle : agrandissement et transferts de bâtiments publics, construction de l’église Saint-Jacques (1868) et Saint-Martin (1871), construction de la gare ferroviaire en 1862. Suite aux épidémies qui ont touché le département des Basses-Pyrénées, telles que le choléra en 1834 puis en 1855, ces rénovations s’inscrivent aussi dans les théories hygiénistes qui prennent de l’ampleur. Ainsi le ruisseau du Hédas est couvert et un premier réseau d’égouts est construit (1875-1889).
Alors que la question est en débat depuis près de 25 ans, Alfred-Gustave Bellemare développe en mai 1862 un exposé complet de la question de l’alimentation hydraulique de la ville de Pau. Il évoque notamment l’insuffisance de l’alimentation en eau potable de la ville ainsi que sa qualité. En effet, les fontaines et les centaines de puits sur Pau sont alors alimentés par deux nappes d’eau souterraines. Cependant, en période de sécheresse, « la plupart des fontaines ne donnent qu’un filet d’eau tout-à-fait insuffisant, ou même tarissent complétement ».
Cette variabilité de l’approvisionnement en eau pose le problème de la consommation personnelle des habitants, de la lutte contre les incendies et de l’arrosage des rues pour les nettoyer. La ville doit d’ailleurs veiller à la salubrité publique pour ne pas perdre ses résidents anglais.
Des démarches sont alors entreprises pour acquérir la source du Néez à une vingtaine de kilomètres plus au sud, sur la commune de Rébénacq. Elles aboutissent à la publication du décret impérial du 6 juillet 1862 et permettent le lancement des travaux. Trois ans plus tard, les conduites, secondées par le réservoir de Guindalos, alimentent la ville. Cette eau est gracieusement mise à la disposition de la population paloise aux fontaines, bornes-fontaines, abreuvoirs et lavoirs publics. Mais la ville prévoit dès 1865 la possibilité de concéder l’excédent d’eau aux particuliers et aux industriels en amenant l’eau potable directement au domicile de ceux qui le souhaitent contre une redevance.
L’eau à domicile « supprime toutes les allées et venues, tous les risques de pollution de l’eau ; elle en rend l’utilisation commode, et incite par conséquent l’usager à ne plus lésiner sur l’usage d’un bien précieux entre tous, indispensable à chaque heure de la vie quotidienne. » Cet extrait d’un fascicule du Comité hygiène et eau conservé sous la côte 501 W 316 et intitulé Voici des revenus pour votre commune date du début des années 1930. C’est une incitation appuyée au développement de l’eau courante à grand renfort d’exemples. Ainsi, dans l’introduction, au coût de l’eau sont opposés les bénéfices pour les femmes car elles seront ainsi déchargées de la pénible tâche qu’est la corvée d’eau, et dans la conclusion, c’est le gain de temps pour les paysans qui est démontré. La sûreté sanitaire de l’eau courante est également mise en avant quand l’eau des mares et parfois des fontaines peut être contaminée. Parallèlement, ce document est un véritable guide pour les communes. En effet, les principaux postes de dépenses d’une adduction d’eau (frais de recherche, études préalables, captages, adduction et distribution, stations de pompage, traitement des eaux/épuration, branchements, fontainier) et les divers modes d’exploitation d’un service d’eau (régie municipale avec possibilité de regroupement en syndicats de communes, concession ou régie intéressée) y sont détaillés. Pour convaincre les indécis, le livret se termine par des exemples de communes dans lesquelles l’adduction est rentable. Afin de faciliter les démarches, des modèles de délibérations sont également proposés.
La distribution d’eau à domicile a également un allié qui, vu de notre début de XXIe siècle, paraît surprenant : il s’agit de la Ligue nationale contre l’alcoolisme. Dans ce courrier de 1935, elle demande au Préfet des Basses-Pyrénées d’insister auprès du Conseil général afin de « favoriser dans les communes rurales les adductions d’eau ». En effet, selon la Ligue, la mortalité est élevée en France en raison de la fréquente contamination des eaux utilisées dans de nombreuses petites communes et cette situation pousse d’ailleurs de trop nombreuses personnes à préférer consommer des boissons alcoolisées plutôt que de l’eau potentiellement contaminée.
Au sortir de la Seconde guerre mondiale des travaux d’envergure d’alimentation en eau peuvent reprendre afin d’étendre ou améliorer des réseaux existants mais aussi pour réaliser de nouveaux réseaux. Ainsi, sur la côte basque, un point est fait en 1946 avec le plan du réseau et les travaux projetés (501 W 316). La Société lyonnaise des eaux et de l’éclairage (SLEE) y est concessionnaire du réseau dans plusieurs communes. L’essentiel de l’eau provient du captage du Laxia à Itxassou et du pompage par les stations élévatoires de Biarritz-Mouriscot, Biarritz-Moura et Anglet.
Dans ce document, la SLEE préconise par exemple de prendre de l’eau dans la Nivelle « à un point suffisamment élevé », de la traiter et de l’amener à Saint-Jean-de-Luz et Ciboure. Elle conseille aussi de « profiter de l’occasion pour créer à Saint-Jean-de-Luz un nouveau réservoir de distribution suffisamment élevé » pour que les quartiers hauts de la ville puissent recevoir toute l’eau dont ils ont besoin.
L’accès à l’eau courante se développe donc mais il faut du temps et des moyens… Ainsi, une dizaine d’années après la fin de la guerre, les petites communes, dans leur immense majorité, ne sont toujours pas raccordées à un réseau. À titre d’exemple, les habitants de Rébénacq, n’ont connu le confort de l’eau courante que dans les années 1960, lorsque certains Palois ont pu en bénéficier dès la fin des années 1860 grâce à la source du Néez…
| Total | Desservies | Non desservies | ||
| Nombre | % | Nombre | % | |
En nombre de commune | 560 | 137 | 24 | 423 | 76 |
En nombre d'habitants dont : | 415797 | 212 802 | 51 | 202 995 | 49 |
Biarritz | 22 022 | 20 000 | 90 | 2 022 | 10 |
Bidache | 1240 | 537 | 43 | 703 | 57 |
Cambo-les-Bains | 3 616 | 2 000 | 55 | 1616 | 45 |
Espelette | 1 234 | 837 | 68 | 397 | 32 |
Sare | 1 963 | 335 | 17 | 1395 | 83 |
Lescun | 441 | 441 | 100 | 0 | 0 |
Monein | 3 407 | 885 | 26 | 2522 | 74 |
Oloron-Sainte-Marie | 10 567 | 10 500 | 99 | 67 | 1 |
Pau | 46 158 | 45 550 | 99 | 658 | 1 |
Sauveterre-de-Béarn | 1 238 | 940 | 76 | 298 | 24 |
Avec le raccordement massif de la population au réseau d’eau potable, la question du traitement des eaux rejetées est devenue incontournable, mais ce n’est qu’autour des années 1970 que les stations d’épurations ont commencé à se généraliser. Sur la commune d’Asasp-Arros (versement de la Direction Départementale de l’Équipement classé sous la cote 2123 W 232), le projet de construction du réseau d’égouts date de 1962 et les travaux sont achevés en 1969. Ce réseau est complété par la station d’épuration projeté en 1968 et achevé en 1969.