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Au hasard d’une promenade, le long d’un gave ou au milieu d’une plaine, on se laisse parfois surprendre par la silhouette fantomatique d’une construction sommaire de pierres et d’ardoises que le temps essaie d’effacer à coups d’herbes folles et de lierre impitoyable. Il s’agit bien d’un moulin, un des nombreux moulins qui faisaient l’activité des hommes dans notre département jusqu’au XXe siècle.
Il est vrai que le Béarn et le Pays basque, ces deux régions au pied des Pyrénées, savaient utiliser la force de leurs torrents pour faire tourner roues et aubes, moudre le grain, fouler les tissus, produire du papier ou scier le bois.
Les moulins les mieux représentés à l’époque étaient les moulins à foulon et à farine. Jean-Pierre Azema résume bien les caractéristiques du moulin à foulon (BIB UG276) indispensable au développement de l’industrie textile locale : « Selon les périodes et les lieux, il servait à nettoyer les étoffes en les débarrassant de l’huile d’ensimage et autres colles employées en cours de fabrication, et à imbriquer les fibres les unes dans les autres. La pièce de tissu en ressortait propre, épaissie et rétrécie tant en longueur qu’en largeur ».
Mais c’est bien le moulin à farine qui a su garder toute sa place depuis des siècles. Relais indispensable entre l’agriculteur producteur de grains et la population locale, il était régi par les puissants de l’Ancien régime : les seigneurs et les congrégations religieuses.
Dans l’Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers de Diderot et d’Alembert, 1755 (BIB U13752/10), une gravure du mécanisme du moulin à grain nous renseigne sur l’ingéniosité du dispositif :
« La grande roue A, composée de plusieurs assemblages de charpente, porte les aubes… et aussi un rouet C dont les aluchons (…) engrenent dans les fuseaux de la grande lanterne F… La roue horizontale engrene dans la lanterne H des meules… » La trémie L laisse échapper le grain qui tombe dans l’auget K (meules). La farine est récupérée dans l’auge M.
La Révolution française, en faisant disparaître droits et privilèges des puissants, redistribue une grande partie de leur patrimoine bâti vers d’autres propriétaires, moulins compris. La surveillance de ces moulins ou « usines » revient au service des Ponts-et-Chaussées de la toute nouvelle Préfecture.
Le Préfet est ainsi chargé de recevoir les demandes de construction de nouveaux moulins ainsi que toutes réclamations de travaux (moulin, canal, seuil) ou de modifications de puissance (par exemple par adjonction de meules).
Les Archives départementales conservent de nombreux dossiers d’instruction dans la sous-série 7S ou Provisoire 192 (service hydraulique des Ponts-et-Chaussées).
Le dossier d’instruction ou de « règlement d’eau » est généralement constitué des pièces suivantes :
Les minoteries Heïd constituaient les deux moulins palois fournissant la farine aux habitants, l’un (le Moulin vieux, à la Tour de la Monnaie), l’autre (le Moulin neuf) sur le canal d’amenée plus en amont. Ce dernier fut construit par le Marquis de Poyanne sur autorisation royale du 2 août 1768 (fonds Heïd, 147 J 6).
Le Moulin Neuf a été restauré et conservé par le Département. Le parvis, ouvert au public, permet d’admirer le bâtiment et son écluse le long du canal.
Témoins d’un passé aujourd’hui révolu, les moulins à farine que la révolution industrielle baptisera « minoteries », auraient pu être voués à disparaître si la production d’électricité n’avait incité à leur faire reprendre vie.
Les évolutions technologiques ont également transformé les paysages et les silhouettes fantomatiques des moulins ont fait place aux silhouettes plus monumentales des usines ou centrales hydroélectriques dans le dernier quart du XIXe siècle. Surgissant d’abord dans les Alpes, la production hydroélectrique s’est accélérée au cours du siècle suivant.
Pour alimenter une centrale électrique, il faut qu’il y ait un barrage, afin de retenir un grand volume d’eau à travers une vallée.
Les Pyrénées sont l’un des paradis des chercheurs de houille blanche*. Pluie en abondance, relief en ruptures de pentes, fixité des lits, pureté des eaux, tous les ingrédients sont réunis pour en faire un territoire propice à l’installation de centrales hydroélectriques. Ces infrastructures s'implantent particulièrement entre 1930 et 1960, en Béarn puis en Pays basque. Elles modifient profondément les règles de vie des vallées.
Territoire propice à la fabrication d’électricité verte, la Vallée d’Aspe est la précurseuse en matière d’énergie hydroélectriques en Béarn. Entre 1907 et 1924, six centrales et trois barrages s’y implantent.
Le plus ancien barrage est celui d’Anglus. Il capte les eaux du Gave d’Aspe depuis 1911. Vient ensuite celui d’Estaëns, construit en 1912 en territoire espagnol. Il alimente une usine hydroélectrique qui, elle, est basée en France. Enfin vient le Peilhou, le plus haut (26,5m).
Les centrales jalonnent les montagnes et leurs vallées de la frontière espagnole à Estaën au lieu-dit Esquit en passant par les Forges d’Abel, Borce, Baralet, Eygun-Lecun. Aller à leur découverte constitue un véritable « hydroélec-tour » pour les randonneurs. Ils pourront y admirer leur architecture incroyable, dans le pur style Art déco de l’époque, particulièrement illustré par les usines des Forges d’Abel et d’Esquit.
La Vallée d’Ossau est convoitée dès 1894, sans succès. En 1907, la commune de Laruns, toutefois consciente de sa richesse hydraulique met en adjudication toutes les chutes d’eau en mesure de constituer une force hydraulique.
De toutes les propositions et tentatives, c’est celle de la Compagnie des chemins de fer du Midi qui est la plus concluante.
Afin d’électrifier son réseau ferré, la Compagnie des chemins de fer du Midi envisage bien avant 1914 un programme de construction d’usines hydroélectriques à grande échelle. Elle décide d’y implanter 3 usines à Artouste, Miègebat et Le Hourat. Les travaux débutent en 1920. L’usine du Hourat est mise en service en 1925, celle de Miègebat 2 ans plus tard en 1927 et Artouste les rejoint en 1929. Toutefois, le Lac d’Artouste se révèle être insuffisant afin d’alimenter les 3 centrales. Pour y pallier, un nouveau barrage se construit, celui de Fabrège (début des travaux 1940, en plein conflit mondial et mise en eau en 1947).
La construction de ces usines est également l’occasion de développer aussi bien des infrastructures (voies ferrées, téléphériques, routes…) qu’une activité professionnelle et touristique nouvelle (petit train).
Usine de la Verna, usine de Sainte-Engrâce, barrage de Sainte-Engrâce, barrage d’Olhadoko, cascade de pista, prise d’eau de l’Ursuya, prise d’eau de Larrau, usine de Licq-Athérey, usine de Barragary, Barragary II, le Pays basque met également à profit cette énergie hydraulique.
L’un des plus importants, le barrage de Saint-Engrâce, construit en 1914 et 1915, surélevé de 1953 à 1954, il est mis en service en 1955 et alimente les usines de Sainte-Engrâce et de Licq Athérey.
Les archives du fonds privé de l’ingénieur Vié conservé dans les fonds de la Chambre de Commerce et d’industrie Bayonne Pays basque, renseignent plus précisément sur l’aménagement des chutes de Saint-Étienne-de-Baïgorry, en Basse-Navarre.
En 1929, Paul Grasset, ingénieur civil, invente un appareil dénommé " bélier-siphon-barométrique », qui doit permettre de produire de l'électricité bon marché à partir des vagues de l'océan.
Ce projet reçoit un avis favorable et il est prévu de construire, en 1930, au pied du phare de Biarritz, un laboratoire hydrodynamique marin.
C’était sans compter sur la crise de 1929 et sur le second conflit mondial qui vinrent tour à tour, freiner puis sonner le glas de ce projet.
En revanche, l’utilisation de la force des marées a donné lieu à la création d’usines ailleurs dans le monde. En France, la seule usine marémotrice se trouve en Bretagne, sur la Rance.