Inondations

2020

"Que d'eau, que d'eau..."

Réaction de Mac-Mahon en juin 1875 face aux crues dans le Sud-Ouest à Toulouse

Les caractéristiques des crues

Le bassin hydrographique de l’Adour s’étend sur les Pyrénées-Atlantiques, les Hautes-Pyrénées et une partie du Gers et des Landes. Le régime des cours d’eau évolue dans le temps, comme le montrent les relevés hydrographiques effectués depuis le XIXe siècle. Pour les cours d’eau des Pyrénées-Atlantiques, on observe généralement une période de basses eaux (étiage) en été et une  période de hautes eaux au printemps.Les crues sont ici majoritairement dues à de fortes précipitations combinées à la fonte des neiges. Les crues sont un phénomène naturel courant mais leur intensité est variable. En 1976, un rapport de la Direction départementale de l’Équipement (DDE) estime que les crues dommageables ont une périodicité de 10 à 15 ans. Depuis 1875, on compte une quarantaine de crues importantes dont près de la moitié ont eu lieu en mai ou juin.

Pistes de recherche

Dans les séries modernes, la sous-série 7 M comporte des documents de l’Office des Eaux et Forêts  (notamment, dans le 7 M 856, des rapports sur les crues : synthèse, raisons) et la série S concerne les travaux publics et les transports. Des éléments peuvent également être trouvés dans les archives communales, les communes jouant un rôle actif dans la prévention des inondations et dans les réparations qui en découlent. Enfin, pour la période contemporaine (série W), les documents versés par le service de la DDE (Direction départementale de l'Équipement) sont une mine d’informations, notamment le 2057 W versé par le service de prévision des crues.

Relevés hydrométriques (2057 W 135)

L’Adour fait l’objet d’une surveillance tout comme les gaves en amont. La crue du Gave d’Oloron précède celle du Gave de Pau et celle des gaves réunis précède celle de l’Adour dont le cours inférieur est, de surcroît, soumis à l’influence des marées.

La montée des eaux des gaves peut être très rapide. Ainsi, lors de la crue du 18 février 1937, à Oloron le gave est passé de 90 cm à 335 cm en moins de 24h (2057 W 135).

La Nivelle, quant à elle, connaît des crues qui ont la caractéristique d’être brèves, soudaines et particulièrement dangereuses comme en 1983 ou 2007.

Carte des régimes des cours d'eau établie en 1987 (2057 W 286)

L'exemple de Baudreix

Plan représentant les dégâts liés aux inondations et les conséquences sur le réseau routier en 1772 (C 368)

En septembre 1772, une crue très importante du Gave de Pau emporte une partie des maisons du village de Baudreix et sectionne la nouvelle route royale. Ce plan, conservé sous la cote C 368, comporte deux propositions de tracé pour la "nouvelle nouvelle route" en rouge ou en pointillés. Le nouveau tracé est quoi qu'il en soit préjudiciable pour les habitants puisqu'il n'y a pas d'autre choix que de prendre sur les terres cultivables.

Si les reliefs Pyrénéens peuvent engendrer des crues torrentielles en zone de montagne, les communes en aval ne sont pas exemptes de dégâts.
Les submersions entraînent souvent des dommages pour les personnes privées comme la perte des cultures ou des dommages matériels.

La priorité étant la sécurité des personnes, l’évacuation des populations est organisée si nécessaire. Les pertes humaines sont donc, fort heureusement, très rarement à déplorer.

En cas de montée des eaux, le domaine public n’est pas épargné. Le réseau routier est fréquemment mis à mal : dépôts de boue, de galets ou d’arbres sur la chaussée, lorsque les routes ne sont pas tout simplement déchaussées ou emportées. La violence des crues va d’ailleurs jusqu’à endommager les ouvrages d’art comme les ponts.

Frise chronologique des principales crues du département
Vieux Pont d'Orthez (amont) le 3 février 1952 à 13h (2057 W 281)
Gave de Pau au niveau du viaduc du chemin de fer d'Orthez le 3 février 1952 à 13h (2057 W 281)
Chemin vicinal ordinaire de Nousty, pont sur l'Ousse le 6 février 1952 (2057 W 281 - Photographie Jové)

Agir face aux crues

Lutter

Pour ne pas subir de plein fouet les débordements des cours d’eau qui sont dévastateurs pour ses activités, l’homme a tenté de s’en préserver en bâtissant dans un premier temps des digues et des canaux de dérivation, mais ces ouvrages subissent les assauts des crues et doivent régulièrement être consolidés ou reconstruits. De plus, ils ont tendance à déplacer le problème en projetant violemment le courant un peu plus loin sur la rive opposée. En complément de ces réalisations, des barrages ou des bassins écrêteurs ont été construits au cours du XXe siècle. Ces ouvrages d’art sont très coûteux et leur protection n’est pas absolue. Néanmoins un ingénieur d’Oloron indique en 1961 que les réseaux hydrauliques du Saison et des Gaves d’Aspe et d’Ossau tendent à se régulariser au fur et à mesure des installations d’usines hydroélectriques (2057 W 283). Cela ne signifie pas pour autant la fin des crues.

Plan de protections de la berge établies en 1934 au quartier Doussine à Arudy (2057 W 281)

L'organisation administrative contre les inondations

L'annonce des crues s'organise dans la seconde moitié du XXe siècle. Le service hydrographique et d'annonces des crues est mis en place en 1877 dans le département.

Au cours du XXème siècle, les méthodes se perfectionnent. En 1984, la structuration des services hydrologiques aboutit à la création des services d'annonce des crues (SAC).

La loi du 30 juillet 2003 les transforme en Services de prévision des crues (SPC) organisés au niveau des bassins hydrographiques. Ce changement montre la transformation de leur mission.

Prévenir

Le service hydrométrique et d’annonce de crues du Bassin de l’Adour et ses affluents a été institué par une décision ministérielle du 29 février 1876. Dès cette époque, des observateurs sont chargés d’apprécier à l’avance la hauteur des crues et d’envoyer des avertissements aux services publics et aux populations concernés. Le mécanisme de transmission des avertissements à envoyer « en cascade » par les stations principales est déjà défini. Au fil du temps des ajustements sont apportés dans les procédures (4 S 240, 2057 W 283 ou 2057 W 2086).
Pour recueillir des données, le territoire est doté d’un réseau d’équipements de mesures : stations hydrométriques, stations de jaugeage, échelles limnimétriques, complétées par des stations pluviométriques au cours du XXe siècle. Les progrès des télécommunications sont employés pour améliorer le système d’annonce des crues (télégraphe, puis téléphone, fax, internet).

Définitions

Échelle limnimétrique : échelle fixe d'observation des hauteurs d'un cours d'eau.
Station de jaugeage : station permettant l’établissement d’une chronique continue des débits d'un cours d'eau.
Station pluviométrique : station météo spécialisée dans le calcul de la quantité de pluie tombée.
Station hydrométrique : ensemble des stations permettant de connaître les hauteurs d'eau et/ou les débits des rivières.
Définitions issues de www.donnees.centre.developpement-durable.gouv.fr/Sta_Jau/definitions.htm (site consulté le 15/06/2020)

Organisation des alertes crues pour la station de Pau (2057 W 280)
Tableau des seuils d'alerte réalisé à partir du Règlement départemental d’annonce des crues de 1987 (2057 W 286)
Station Vigilance Pré-alerte Alerte
Gave de Pau Lourdes 1 1.5 1.9
Nay 1.1 1.5 1.9
Pau 0.8 1 1.5
Orhez 4.5 5 7.5
Gave d'Oloron Oloron 1.8 2 2.5
Gaves réunis Peyrehorade 2 2.5 4
Dax 2.5 2.5 4.5
Nive Saint-Martin-d'Arrossa 2 2.5 3
Nivelle Cherchebruit (Saint-Pée-sur-Nivelle) 2.5 2.5 2.8

L'alerte prend fin lorsque les niveaux sont redescendus aux seuils de pré-alerte.
La pré-alerte prend fin lorsqu'ils atteignent ceux de la vigilance.

À chaque étape, les maires des communes qui dépendent du secteur de la station sont tenus informés. En cas de nécessité, il est procédé à l’évacuation des populations.

Échelle des crues (2057 W 283)

Changer de point de vue

Depuis les dernières décennies du XXe siècle, une autre approche a commencé à émerger : « laisser la part de l’eau » car l’homme n’arrivera jamais totalement à maîtriser la nature et ses efforts pour y arriver sont très coûteux. La meilleure solution est donc de redonner sa place à la nature lorsque cela est possible : reboiser en montagne sur certains secteurs afin d’absorber une partie des précipitations et maintenir les sols, limiter les extractions de gravier dans les lits des cours d’eau qui accélèrent la vitesse de propagation des eaux, rendre aux cours d’eau leur marge de divagation et surtout interdire les (nouvelles…) constructions en zone inondable afin d’éviter des drames.

Pour aller plus loin

Retrouvez la rubrique consacré aux inondations de Salies-de-Béarn.

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