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L’eau, l'eau de la mer qui vient ébranler les côtes atlantiques chaque hiver, de plus en plus fréquemment, de plus en plus violemment…. C’est de cette eau-là dont il est question ce mois-ci, à travers les siècles.
La « défense contre la mer » est un souci majeur des communes du littoral. Celles-ci constituent chaque année un dossier sur ce thème, leur permettant d’obtenir des subventions et de réaliser par la suite des travaux de confortement ou de renforcement de la côte, toujours plus menacée et érodée par l’assaut des vagues. Sur la Côte basque, ces dossiers existent dans les communes depuis Le Boucau jusqu’à Hendaye.
Ces dispositifs ne datent pas d’hier. En effet, de tout temps, la protection contre les avancées de la mer dans les terres a été une préoccupation majeure. Voici l’histoire de la protection de la baie de Saint-Jean-de-Luz et Ciboure entre le XVIIe et le XXe siècles.
Le Fort de Socoa a été construit pour défendre la côte des attaques ennemies, mais également pour se prémunir des tempêtes. Un premier fort est construit au début du XVIIe siècle. En 1686, Vauban en tournée d'inspection dans les Pyrénées entreprend de renforcer le Fort et projette de construire une jetée pour améliorer l'accès au port. Les travaux du Fort furent dirigés par Fleury et s'achevèrent en 1698. Le site abritait une caserne et une chapelle.
La présence du Fort n'empêche pas les dégâts lors de tempête sur la ville. Voici un récit de tempête du maire de Saint-Jean-de-Luz à M. Dehureaux, subdélégué de Monseigneur l'intendant au département de Bayonne. En janvier 1749, on constate l’entrée de l’eau dans les rues de la ville, comme un raz-de-marée. Les tempêtes de 1749 et 1782 ont fait disparaître le quartier de la Barre : 150 maisons, plusieurs rues, un couvent et des jardins.
M. le Maire expose qu’une de ces tempêtes qui éclatent aux équinoxes a violemment agité notre rade les 10 et 11 de ce mois. Les ouvrages destinés à fermer cette rade et à protéger notre ville n’ont point souffert heureusement, ce qui prouve leur solidité et le soin qu’on apporte à leur construction, ce qui donne aussi l’espoir de mieux en mieux fondé que le but que l’on se propose sera atteint.
Cependant la ville n’a pas été garantie contre la fureur des vagues. Franchissant l’ancienne digue, elles ont inondé la grande place et plusieurs rues dont le pavage a été endommagé et qui ont été aussi ravinées le long de cet ouvrage.
L'eau avait envahi le rez-de-chaussée des maisons et intercepté les communications entre divers quartiers. Le chemin des bains de mer a été ensablé, et celui destiné aux piétons, qui lui est parallèle a disparu sur une longueur de de 1067 mètres. Une brèche de 9 mètres s’est ouverte au perré qui protège l’établissement des bains de mer, et dix baraques fixées au sol ont été démolies.
Le parement de la jetée ouest de l’entrée du port a été endommagé sur une longueur d’une vingtaine de mètres. Ces effets de la mer démontrent qu’elle nous menace toujours, que son action ne cesse pas et ne peut perdre sur notre plage que par le prompt achèvement des ouvrages en cours d’exécution sur la rade.
Plus d’un siècle plus tard, les travaux de consolidation n’ont pas été suffisants pour empêcher l’eau de s’engouffrer dans la ville. Cependant, les digues entretemps construites, ont permis de limiter les dégâts aux digues elles-mêmes, empêchant la mer de s’engouffrer plus en dedans de la ville. La preuve en est cette délibération du Conseil municipal de Saint-Jean-de-Luz, du 26 mars 1876 :
« Le Maire et jurats de la communauté de Saint-Jean-de-Luz se rendent vers vous pour vous exposer le malheur affreux que leur communauté vient d'essuyer par le débordement de la mer, qui rompant les digues ou les quais qui s'opposaient à ce fléau a submergé plusieurs maisons, ruiné plusieurs autres, rempli d'amas de sable toute la communauté, en sorte que deux ou trois heures de plus de marées auraient mis maison et habitants dans un péril certain d'une destruction générale.
Le bien public et particuliers vous pressent monsieur de vous transporter audit Lieu de Saint-Jean-de-Luz pour vérifier Les faits. »
[Suit une liste des maisons détruites]
C’est pendant la saison hivernale que le phénomène entre en action : les vagues passent par-dessus la dune et la digue, et la mer envahit une partie de la ville. Une partie des digues est détruite, et la mer laisse derrière elle des amas de sable.
Ce sont des dépressions avec forte houle combinées à une hausse du niveau de la mer. Les vagues peuvent dépasser 15 mètres de haut. C’est le cas pour la vague belharra, au large de Socoa, réputée auprès des pratiquants du surf extrême. L'effet des vagues, accentué par la marée et les basses pressions, font monter le niveau de la mer.
Pour parer à ces tempêtes, des travaux de protection ont été mis en place aux XVIIIe et XIXe siècle. Voici les principales étapes de construction d’ouvrages de défense contre la mer, dans la baie :
Ces digues permettent de réduire la houle dans la baie. Celle-ci peut servir de refuge pour les navires en danger sur l’océan : jusque-là les bateaux devaient se réfugier sur la côte biscayenne, du côté de Castro-Urdiales. Enfin, grâce aux digues, l’érosion de la plage est limitée.
Depuis la fin du XIXe siècle, les tempêtes n’ont pas disparu mais elles ne provoquent plus de dégâts aussi importants dans la ville et le port. Les digues sont sans cesse à entretenir et à réparer.
La protection de la baie réalisée depuis un peu plus d'un siècle perturbe les courants, et produit une conséquence inattendue : le désensablement des plages de la baie. C'est un nouveau risque que beaucoup de communes littorales doivent affronter, sur les rivages de l'Atlantique et ailleurs.