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En 2021-2022, les lecteurs s'emparent des "Documents du mois". Douze d'entre eux ont composé le comité de rédaction du site internet des Archives départementales. Ils ont rédigé les rubriques publiées mensuellement pour vous faire partager leurs recherches, leurs découvertes et leurs émotions. Découvrez chaque mois un nouveau rédacteur et son texte.
André Lesca travaille au sein de l'association Culture Patrimoine Senpere et anime le patrimoine local. Il s'intéresse au particulier, à ce qui peut différer et surprendre dans l'histoire locale. Son travail repose sur un dépouillement des archives communales de Saint-Pée-sur-Nivelle et notamment de ces délibérations.
« Le Pays de Labourd n'a jamais reconnu Bayonne pour capitale » ... « Les Bayonnais ne parlent jamais basque » rappelle le Mémoire pour le Labourd du 23 décembre 1788 qui accompagne la délibération du Biltzar du 7 mars 1789. Et par un règlement du Roi du 28 mars 1789, les Basques du Labourd obtiennent gain de cause, les convocations qui les concernent seront adressées au bailli d'épée d'Ustaritz qui convoquera les trois États pour procéder à la rédaction des cahiers du bailliage.
La dernière session du Biltzar du Labourd se tient le 18 novembre 1789. Les minutes font état de la demande nouvellement constituée et issue des États Généraux du maintien de la constitution actuelle (...) ou au moins de la création d'un département réunissant les trois provinces basques françaises.
Le Biltzar est remplacé par un district, mené par un directoire de cinq administrateurs nommés, siégeant à Ustaritz. Dominique Joseph Garat, député des États Généraux, bien qu'ayant passé son enfance dans sa maison familiale d'Ustaritz, n'obtiendra pas la création d'un département basque. En mars 1790, le département des Basses-Pyrénées est créé, réunissant les provinces basques et le Béarn.
Le 14 décembre 1789, l'Assemblée Nationale prend un décret demandant aux officiers et membres des municipalités de remplacer leurs membres par voie d'élection.
Tous les citoyens actifs de chaque ville, bourg, paroisse ou communauté peuvent concourir à cette élection.
Sont citoyens actifs tous ceux qui paient un impôt au moins égal à la valeur locale de 3 journées de travail.
À Saint-Pée, pour une population d'un peu plus de 2 000 habitants, 180 votants ont désigné cette première instance municipale. Ce sont les citoyens actifs, principalement les Etcheco Jaun (maîtres de maison).
Les citoyens actifs se réunissent une première fois le 22 mars 1790 au lieu dit Saldoubia après avoir été convoqués par affichage sous le porche de l'église. C'est le Sieur Behola, maître en chirurgie, qui ouvre la séance pour expliquer l'objet de la convocation. La procédure est complexe. L'assemblée doit d'abord élire individuellement les membres qui composeront le bureau de vote : un président, un secrétaire et trois scrutateurs.
C'est le plus ancien d'âge qui a la charge de présider cette première élection ; il se trouve que c'est le curé Salvat Marithourry. Le procureur, Victor Duhalde fils, fera œuvre de secrétaire.
Une deuxième séance se tient une semaine plus tard, le 29 mars, pour élire les 3 scrutateurs et à cette occasion une cabale naît ; des pressions auraient été exercées sur des citoyens actifs. Aussi, le lendemain deux témoins sont convoqués pour exposer ce qu'il en est et statuer. Le Sieur Certain (ou Castain) aurait exercé des pressions en faveur du Sieur Duronea.
Une quatrième séance se tient le 5 avril pour élire, par scrutin de liste, les autres membres du corps municipal. 5 membres sont élus, ils obtiennent entre 72 et 93 voix sur 180 votants.
Le lendemain 6 avril, le matin, au cours d'une nouvelle séance, les citoyens actifs élisent les notables en nombre double de celui du corps municipal actuel. Le lendemain après-midi, c'est à l'élection du procureur que l'on procède. C'est par 36 voix sur 68 que Jean-Baptiste Loustau, fermier du château, est élu.
Une septième séance se tient le 11 avril. Les citoyens actifs ont été convoqués « au son des cloches et de manière accoutumée ». C'est Jean-Louis Daragorry de la maison Gastambidea, élu maire qui est appelé à prêter serment devant la commune : « … de maintenir de tout son pouvoir la Constitution du Royaume, d'être fidèle à la Nation et au Roy et de bien remplir cette fonction ». À nouveau, quelques citoyens accusent le curé de ne pas avoir fait état, lors du prône, de leurs requêtes sur la légalité du vote.
Aussi, une nouvelle séance a lieu le 13 avril pour confirmer la validité de l'élection ainsi que la nomination de Jean-Louis Daragorry comme maire.
La nouvelle administration se met en place. La gestion de la forêt continue d'être sa priorité
Ainsi, le Conseil Général de la commune vient de remplacer le Biltzar de la paroisse ; le processus électoral n'a pas été très différent. L'administration communale est encore inexistante, les problèmes sont discutés sous le porche de l'église au sortir de la messe et si une décision s'impose, une délibération est prise que le procureur Loustau enregistrera sur le livre des délibérations et que les élus signeront selon la formule « ont signé ceux qui le savent et non les autres pour ne savoir signer ».
À cette occasion, le Conseil juge que les bois communs devraient rapporter 1000 livres par an, la vente de pièces de chêne 150 livres alors que le produit de quelques pièces de châtaignier ne produirait guère plus de 12 livres.
Conformément à la loi du 14 octobre 1790, le Conseil doit être renouvelé pour moitié.
Cette élection se tient le 14 novembre, elle reprend la procédure ayant servi en avril à nommer et constituer le bureau de vote, à établir également la liste des conseillers sortants. Ces derniers sont désignés par tirage au sort.
À cette occasion, le maire, Jean-Louis Daragorry, annonce au conseil qu'il souhaite démissionner de ses fonctions pour raison d'âge et d'infirmité. Le Conseil procède immédiatement à son remplacement et nomme comme nouveau maire, Duronea, notaire royal, par 28 voix sur 52. Le reste des membres des élus à renouveler est élu le jour suivant. Tous prêtent serment le 20 novembre.
Le 20 décembre 1790, à la demande du procureur du district d'Ustaritz, le Conseil se doit de faire le « compte exact des revenus fixes et casuels ainsi que des charges de la présente commune ». Ce bilan donne une vision des réalités économiques de cette période. Pour donner un exemple, le Conseil remarque la charge que représentent les nombreux ponts sur la Nivelle et les dégâts occasionnés par les débordements de cette rivière : « il y a 11 ponts sur la Nivelle, 4 en pierre, 7 en bois, ils nécessitent immédiatement pour 400 livres de travaux, quand 100 livres suffisent à l'entretien des 60 ponts en bois sur les divers chemins de l'arrondissement. Quant aux dégâts dûs aux débordements de la Nivelle, ils représentent une somme de 100 livres ».
Le 20 juin 1790, le Conseil a été convoqué. Il semble que quelques députés au Syndic d'Ustaritz ont soutenu une pétition du vicomte de Macaye, ce que le Conseil n'apprécie pas du tout et considère « qu'il est du devoir de tout bon patriote d'arrêter toutes les suites fâcheuses qu'entraînerait cette sorte de dénonciation... et déclarent qu'ils n'adhèrent pas du tout à la dénonciation ». (Quel était le contenu de cette pétition, la délibération ne le dit pas).
Pierre-Nicolas de Haraneder, vicomte de Macaye, représentait la noblesse aux États-Généraux où il remplaçait le marquis de Caupenne, seigneur de Saint-Pée. Son père avait été chargé par le roi de préparer la création du département des Basses-Pyrénées.
Le 15 décembre 1790, autre réaction d'humeur, les élus sont en nombre pour réagir face à une pétition de la commune de Sare leur demandant d'agir auprès du District pour rester chef-lieu de canton. Le Conseil réagit avec force en considérant qu'il appartient aux élus du district de rechercher la meilleure solution, tout en signalant la situation centrale de Saint-Pée entourée de 11 communes ainsi que l'importance de l'étendue de son territoire.
Le 18 décembre 1790, le Conseil trouve que l'entretien des lampes des autels de la Sainte Vierge et de la Sainte Catherine, coûte des sommes considérables qui « ne servent que pour le luxe et l'ostentation ». Il propose de les remplacer par une lampe placée devant le grand autel.
Pendant qu'à Saint-Pée, la nouvelle municipalité se met en place et prend peu à peu charge la gestion communale.
Ainsi, l'essentiel des délibérations de l'année 1790 ont tourné autour de la gestion des bois communaux. C'est dire l'importance économique de cette gestion. Le Conseil assure peu à peu sa nouvelle fonction de gestionnaire de la commune.
En même temps, à Paris, le 12 juillet 1790, l'Assemblée nationale constituante a réorganisé le clergé séculier français et institué une nouvelle église. A la suite de quoi, le 26 décembre, le District du Labourd en tire une loi dont les conséquences, feront l'objet de prochains Buruxkak.
Faire l'histoire d'une commune est une entreprise complexe tant elle peut être multiple, les éléments architecturaux, politiques, économiques ou sociaux étant souvent profondément imbriqués. Les archives de la commune sont bien sûr une source essentielle. Les archives communales sont conservées en mairie ou déposées aux Archives départementales (notamment pour les communes de moins de 2000 habitants). Les archives de préfecture et sous-préfectures, également conservées en Archives départementales, sont complémentaires des archives communales (séries O et Z notamment). Il ne faut pas négliger les archives d'entreprises, associations ou personnalités locales.
De nombreuses publications ont été réalisées sur l'histoire locale. La première étape d'une telle démarche reste donc de consulter la bibliothèque ! Les Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques mettent à votre disposition de nombreux ouvrages d'histoire locale, son catalogue est consultable en ligne sur e-archives (rubrique bibliothèque).
Pour la commune de Saint-Pée-sur-Nivelle, n'hésitez pas à consulter les publications de la revue Culture patrimoine Senpere en suivant ce lien : https://cultureetpatrimoinesenpere.fr/buruxkak/Buruxkak.html (site consulté le 21/05/2024)