Au boulot !

2023

Femmes et travail

Quelles sources pour l'histoire du travail des femmes?

Les femmes ont toujours travaillé. Mais elles n’ont pas toujours exercé un emploi. Cette distinction administrative a un impact lourd sur la recherche des traces de l’activité féminine dans les archives, qui sont majoritairement le fruit de l'administration.
Il existe pourtant des témoignages du travail des femmes. Ce document du mois propose quelques pistes de recherche, dans différents secteurs d’activités.

Femmes et agriculture – un conflit mondial comme révélateur : la médaille des femmes agricultrices de 1916 (1 M 212)

On a coutume de présenter la Première guerre mondiale comme une période où les femmes font leur entrée dans le monde du travail pour remplacer les hommes absents. Les historiens ont pu pondérer cette interprétation. Les documents d’archives peuvent d’ailleurs parfois en donner une dimension erronée.
C’est le cas des récompenses attribuées par la Société d’agriculture des Basses-Pyrénées en 1916. Le but affiché est de mettre en avant des femmes au parcours exemplaire dont la vaillance permet de compenser l’absence du mari mobilisé. Les témoignages rassemblés sont loin d’être neutres, ils visent à montrer l’héroïsme de ces femmes, prolongement de l’héroïsme de leur mari au front. En plus de leur courage, on note leur patriotisme… et leur moralité.
Ainsi Mme Labrucherie qui a repris la ferme familiale mais dont on remarque qu’elle a aussi conservé le taureau de l’exploitation et poursuivi cette activité difficile. On récompense aussi cette femme, enceinte, handicapée, mais qui se fait porter à l’étable pour traire ses vaches, ou cette autre, enceinte également, qui a perdu ses fourrages dans l’incendie de sa grange mais poursuit la récolte des foins dans les fermes voisines.
Ceux-ci ne doivent pas induire en erreur sur le rôle des femmes dans les exploitations agricoles familiales, rôle évoqué dès 1848 dans l’enquête industrielle et agricole.

Note pour l'attribution des médailles agricoles de 1916 (1 M 212). Cliquez sur l'image pour consulter le document intégralement.

Femmes ouvrières : l’enquête industrielle et agricole de 1848 – 6 M 168

Le document présenté ici est une transcription de la réponse faite par le département (conservée aux Archives nationales sous la cote C 962).
Un décret de l’Assemblée nationale du 25 mai 1848 acte le principe d’une enquête nationale sur le travail. Une série de 29 questions est adressée aux juges de paix. Les informations recueillies à l’échelle du canton sont ensuite centralisées par le préfet qui les transmet à l’Assemblée nationale. Les questions portent sur l’économie mais aussi la vie sociale du département.  Elle mentionne notamment le nombre d’hommes et de femmes employés dans l’industrie, mais aussi leur niveau d’instruction et leur différence de salaire. En dépouillant cette enquête, on peut ainsi constater la présence importante des femmes dans l’industrie dès ce milieu du XIXe siècle. Dans le canton de Clarac par exemple (devenu Nay-Est), où l’industrie textile est florissante, femmes et enfants représentent le gros de la main d’œuvre sur certaines opérations de transformation de la laine, tel que l’apprêt des bérets et tricots. On note en revanche que, pour les professions masculines, le sexe des personnes employées n’est pas précisé. Dans le canton de Thèze, on mentionne 208 femmes ouvrières pour 254 hommes (sans préciser le détail des métiers). Dans le canton de Laruns, 40 femmes travaillent au sciage à bois de planches et solives contre 80 hommes, 11 dans les mines de nickel et de fer. Dans le canton de Mauléon, les femmes sont très présentes dans les activités de tissage des toiles, de couture ou dans l’industrie de la sandale. Cette enquête permet d’observer la place des femmes dans l’industrie textile dans le département.

Texte introductif de la réponse du Département des Basses-Pyrénées à l'enquête industrielle et agricole de 1848 (6 M 168)
Extrait des réponses du canton de Clarac, devenu Nay-Est (6 M 168)

Femmes au bureau - les demandes de personnel du sous-préfet d'Oloron en 1940 (54 W 2)

On trouve également des exemples de femmes au travail dans le tertiaire et notamment dans l’administration. Plusieurs versements d’archives soulignent les postes occupés par les femmes. Le courrier du sous-préfet d’Oloron au préfet (54 W 2) montre tout ce que ces documents peuvent révéler. Les femmes occupent des postes, mais on fait appel aux hommes quand la situation devient plus complexe à gérer ou pour occuper des postes à responsabilité. Il témoigne aussi des vigilances à observer lors de la lecture de documents : les postes de secrétaire sont occupés par des hommes en 1940. Mais il ne s’agit pas de la même fonction qu’aujourd’hui. Le secrétaire est d’ailleurs à la tête d’une équipe de dactylographes, postes intégralement occupés par des femmes….

Définitions

Dactylographe : employé(e) chargé(e) de transcrire ou d'écrire des textes à la machine à écrire.

Secrétaire : personne qui rédige certaines pièces officielles (procès-verbaux, lettres, circulaires, etc.), qui s'occupe de l'organisation et du fonctionnement d'une assemblée, d'une société, d'un organisme. Fonctionnaire, agent ou employé(e) qui dirige certains services ou assure certains travaux administratifs, de rédaction ou d'écritures. Puis employé(e) chargé(e) de divers travaux (dactylographier du courrier, rédiger du courrier, classer des documents, répondre au téléphone)

D'après le centre national de ressources textuelles et lexicales.

Lettre du sous-préfet d'Oloron au préfet (1940 - 54 W 2)
Lettre du sous-préfet d'Oloron au préfet (1940 - 54 W 2)

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