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La femme, charmante, troublante, mystérieuse, a toujours utilisé maints procédés et accessoires pour magnifier sa personne et par là même, son corps. Ses choix de vêtements sont néanmoins directement dictés par les contextes aussi bien socio-économiques et politiques que géographiques : les costumes portés en vallée d'Ossau témoignent ainsi de la vie austère des montagnards, dans une communauté patriarcale où les femmes furent longtemps cantonnées à des rôles distribués à l'avance.
La marche vers leur émancipation passe par la libération de leur corps et par la rupture avec la tradition : cette révolution, amorcée dans la deuxième moitié du XXe siècle, est visible dans les documents d'archives que nous avons choisi de vous présenter ici.
Hippolyte Taine, critique littéraire, philosophe et historien français, décrit les habitants des vallées pyrénéennes dans son "Voyage aux Pyrénées", publié en 1855 (conservé aux Archives sous la cote BIB U 6070) "Ici les hommes sont maigres et pâles ; leurs os sont saillants et leurs grands traits tourmentés comme ceux de leurs montagnes (…) une lutte éternelle contre le sol a rabougri les femmes comme les plantes (…) la race façonne l'individu, le pays façonne la race."
La vie doit être rude dans la vallée mais toutes les Ossaloises ne sont sans doute pas "rabougries". Ainsi, les "types locaux" décrits via les planches illustrées éditées en quantité et diffusées dans toute la France donnent aux citadins une autre image de ce que sont ces femmes, dans la réalité. Les cartes postales témoignent de la beauté des jeunes filles du Béarn posant sans peur devant l'objectif, magnifiées dans leurs costumes d'étoffe de soie finement brodée portés les jours de fêtes et les dimanches. A leur cou, le Saint-Esprit, ce pendentif en or témoignant du statut social et de la richesse de la famille. Mais cette vision idéalisée est aussi caricaturale, dans l'extrême inverse.
Car mis à part ces parures portées de façon exceptionnelle, aucune fantaisie n'est possible. La tradition impose les règles de vie et l'habit sobre qui va avec.
Un document témoigne pourtant d'activités surprenantes dont le corps féminin fut parfois l'objet, lors de noces basques ici.
Dans les années 1860, le développement industriel et l'arrivée du chemin de fer dans le département sonnent le glas de l'enfermement des vallées : les touristes et curistes affluent. Les populations se rencontrent, les traditions sont ébranlées.
À l'ouest du département et sous l'impulsion de l'impératrice Eugénie résidente saisonnière de Biarritz, les bains de mer, spectacles et bals attirent le gotha international sur la côte basque.
Les cartes postales du début du XXe siècle témoignent de l'attrait des bords de mer par une population aisée. Les femmes adoptent une tenue leur permettant de rentrer dans l'eau sans s'y noyer sous le poids du tissu. La tenue de bain libérant bras et jambes est ainsi composée d'une blouse, d'un pantalon bouffant en sergé de laine foncé et d'une charlotte. Certaines coquettes choisissent parfois de garder leur corset ou même leur paire de bas pour la baignade.
Cet attrait pour le littoral va ainsi traverser la révolution industrielle, la défaite de Sedan et la Première Guerre mondiale. Au lendemain de ces quatre années redoutables, la mémoire collective, sans s'effacer, n'a rien oublié des plaisirs d'antan. Les années folles battent leur plein : Biarritz est à nouveau l'endroit où il faut voir et être vu. Les bains de mer ont toujours leurs adeptes et le sport devient un passe-temps grisant, notamment dans les montagnes béarnaises.
La femme s'émancipe du qu'en-dira-t-on, les tenues raccourcissent et les vêtements moulants laissent apparaître la silhouette encore enserrée par la gaine qui a remplacé le corset à partir de 1920.
Malgré ces progrès notables un document étonnant atteste, par l'image et le message qui lui est associé, que le corps des femmes est aussi une marchandise très prisée.
Mais les temps de paix, de loisirs et de plaisirs sont de courte durée. 1939 est un coup de frein à la pensée créatrice de la mode qui libère le corps des femmes. Il faudra attendre l'armistice de 1945 et son regain d'optimisme pour aller plus loin dans l'expression de la volonté des femmes de rejeter tous les tabous. La femme se montre, la femme défile sans complexe, affirmant son indépendance.
Fin des années 1950, la publicité utilise le corps de la femme pour vanter certains produits. Ce qui était une évolution des mentalités a été éclipsé par le merchandising. Devant la corps dénudé de cette curiste dans l'établissement de bains de Biarritz, on peut se poser la question de savoir si la révolution féminine a atteint ses limites ou si la femme risque de tomber dangereusement dans le cliché de l'objet.
Depuis quelques décennies, les questions autour du corps et encore plus du genre se développent conjointement. Le corps sexué, féminin et plus récemment masculin, est objet de questionnements, de découvertes, de remises en question, au service du développement de l'individu. Les révolutions socio-culturelles véhiculées par nos enveloppes charnelles n'ont pas cessé de se jouer à travers les époques. Les archives en sont les témoins.