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Au sein des Archives départementales, les informations sur le thème de la maternité se trouvent essentiellement dans les versements des organismes et services sociaux et hospitaliers. On y apprend de quelle façon l'aide apportée à la mère mais aussi à l'enfant a changé, au fil des époques et des politiques en faveur de la famille. Les nombreux documents conservés montrent également les évolutions de leur prise en charge médicale, comme en témoignent les informations recueillies sur le métier de sage-femme. Le statut de la mère sans époux est également abordé… autres temps, autres mœurs !
Le thème étant autant aussi vaste que passionnant, trois aspects en sont ici évoqués.
Dans l'entre-deux guerre, des politiques d'encouragement à la natalité sont portées par les pouvoirs publics dès les années 1920. Des primes sont allouées par les préfets via les Conseils généraux, qui incitent fortement les maires à en faire autant avec les ressources communales.
Voici l'exemple, pour les années 1930, de la commune d'Andrein dont les archives contiennent notamment un imprimé provenant du comité national de l'enfance œuvrant localement à la protection des plus jeunes via les fédérations départementales d'assistance maternelle et infantile, sous la tutelle du Ministère de l'hygiène, de l'assistance et de la prévoyance sociale.
Il est rappelé que la loi Roussel encadre la "protection des enfants du 1er âge (de 0 à 6 mois) et l'extension des consultations de nourrissons", l'objectif du gouvernement étant de garantir l'accroissement de la population par la baisse de la mortalité infantile mais aussi "d'élever des enfants sains et vigoureux et non des déchets pour la société". Suit une liste des œuvres privées et publiques existant dans le département, puis diverses informations telles que le nombre d'enfants suivis et le nombre de décès.
À la préfecture, les dossiers de demande passent par le bureau de "l'assistance aux femmes en couches privées de ressources". On y trouve les procédures de demandes et quelques dossiers de demandes étudiés en commissions qui reçoivent parfois un avis contraire à celui donné par la délibération en conseil municipal.
Les œuvres philanthropiques s'engagent également. La Fondation Cognacq-Jay fait une dotation annuelle de 25 000 frs à une famille nombreuse par département, correspondant aujourd'hui à environ 27 000 €. L'Académie française est en charge de proclamer ces dotations en séance publique solennelle.
Des documents de natures et d'époques très variés évoquent la place des femmes dans la société, spécifiquement à travers leur statut de mère.
Le régime de Vichy met à l'honneur les mères à travers la devise "travail, famille, patrie", mais également dans la décision d'instaurer en France la première fête des mères, le 25 mai 1941 et d'en faire la propagande, comme en témoigne cette affiche ci-dessous.
Ainsi, les fonds d'archives racontent la vie des femmes et des mères d'une autre manière que par le simple angle administratif. On peut retrouver, dans certains fonds d'origine privée, des portraits de familles dans les albums de photographies ou des photographies tirées sous forme de cartes postales destinées à laisser un souvenir à de la famille ou à des amis, aussi bien que des cartes postales publicitaires des années 1950 vantant les produits préférés de ces "heureuses mamans".
Mais à côté de ces mères modèles, glorifiées par les gouvernements ou vantées dans les réclames, il existe des femmes qualifiées péjorativement de "filles-mères" et longtemps mises au banc de sociétés bien pensantes. Certains témoignages sont conservés aux AD64 sous la forme d'enregistrements, collectés dans les années 1990-2000. Un document rare nous permet d'avoir une idée, sans doute partiellement édulcorée, de la vie d'une mère célibataire surnommée Jeannotte, vivant à Nousty avant les années 1950 et qui assume visiblement son statut "sans honte". Ce que l'on apprend surtout, à l'écoute de ce document, c'est ce que l'on pense d'elle au village.
La naissance a toujours été un passage risqué pour la mère et l'enfant, et, même si l'on s'en remettait à la volonté du Seigneur, la prise en charge par des personnes spécialisées dans ce domaine - essentiellement des femmes - est ancestrale. Mais les qualités requises et la formation de ces femmes évoluent dans le temps. En voici quelques exemples.
Au milieu du XVIIIe siècle, les qualités d'une accoucheuse doivent avant tout être morales, comme nous le montre l'article de la revue du Centre de Généalogie des Pyrénées-Atlantiques de Laurent Bourdallé "Le serment d'une sage-femme à Espoey" (BIB P74/3 - 2018).
Un siècle plus tard, les choses ont bien changé. Les sages-femmes reçoivent dorénavant une véritable formation paramédicale. On trouve trace, par le biais d'un certificat, de cours d'accouchements délivrés dans l'Est du Béarn par un chirurgien dès la fin du XVIIIe siècle (AD64, 1J 462) ; ou d'élèves envoyées à Paris pour se former, comme ces bayonnaises au début du XIXe siècle (H Dépôt Bayonne K5). Un ouvrage de 1837 Obstétrique, ou cours élémentaire d'accouchements, sous la forme de catéchisme, à l'usage des élèves sages-femmes (AD64, BIB UM921 01 à 10) est également conservé.
L'hygiénisme qui se développe partout en Europe, dans la deuxième moitié du XIXe siècle, est un véritable bouleversement tant au niveau des structures que des pratiques.
Les bâtiments de soins vétustes sont remplacés par des constructions nouvelles, comme par exemple la maternité édifiée place du Foirail à Pau dans les années 1880, notamment grâce à l'action d'Henri Ferré, chirurgien et gynécologue béarnais. Cet édifice abritant aujourd'hui la résidence HLM Rimbaud fut une maternité pendant près d'un siècle !
En ville, les enfants naissent désormais de moins en moins à domicile et les structures qui prennent en charge les naissances sont à la fois encadrantes et très encadrées. Les établissements doivent ainsi tenir, probablement à des fins statistiques, des registres de naissances comportant des données sommaires (AD64, H dépôt Pau Q40), ou réaliser des graphiques comme celui présent dans ce même registre et qui montre un nombre d'hospitalisations pour accouchement en forte croissance entre 1887 et 1898.
Henri Ferré (1855-1927) est chirurgien et gynécologue. Il fonde la société médicale de Pau et du Béarn. Il contribue à la modernisation de la maternité paloise par la construction de la maternité du Foirail. Il fonde également une clinique de chirurgie générale qui devient ensuite la clinique Larrieu (source BIB UM555).
Outre ce suivi global, on trouve dans les archives de l'hôpital de Pau, des bulletins cliniques d'accouchements dans lesquels sont consignés de manière scrupuleuse le déroulement des naissances et les suites de couches. En prenant au hasard un bulletin de 1877 (AD64, H dépôt Pau R23) et un autre de 1898 (AD64, H dépôt Pau R28), on peut constater par exemple les progrès liés à la prévention des maladies infectieuses grâce au lavage systématique et méticuleux des mains de la sage-femme avant l'auscultation.
La prise en charge des naissances à la campagne reste, quant à elle, bien éloignée de celle des villes, même dans la première moitié du XXe siècle où les accouchements se font très majoritairement à la maison. Le travail primordial des sages-femmes et des obstétriciens de campagne avant les années 1950 est évoqué dans cet enregistrement audio (AD64, FRAD064029 1av-0074 A - 16'13" à 18'50").
Les évolutions de la prise en charge autour de la naissance ont réduit très fortement la mortalité maternelle et infantile, ce qui a permis de s'intéresser de plus en plus aux actions de prévention.
De nos jours, les services de protection maternelle et infantile, instaurés en 1945, œuvrent encore à la protection généralisée des femmes enceintes, des jeunes mères venant d'accoucher et des jeunes enfants jusqu'à 6 ans. Dans les années 1980, les consultations classiques sont complétées par des actions médico-sociales de prévention ainsi que des activités de planification et d'éducation familiale, comme l'atteste cette lettre adressée par le médecin départemental du service unifié de l'enfance / PMI 64 à la chargée de mission de la condition féminine à la Mairie de Biarritz (AD64, 1619W2). Divers documents informatifs témoignent de l'efficacité des actions combinées de divers organismes tels la caisse d'allocations familiales, la direction départementale des affaires sanitaires et sociales, les centres de PMI et divers centres sociaux (AD64, 1619W3).
Dans les dernières décennies du XXe siècle, la "mummy-boomeuse" est aussi une femme très (trop ?) active en dehors de la maison. Un livret pratique de 1981 informe les jeunes mamans souhaitant "travailler, avoir des loisirs ou une activité extérieure" sur les modes de gardes des enfants (AD64, 1619W3). La mère n'est désormais plus systématiquement au foyer !