Une bénévole sportive

Suzanne Bacarisse

C’est une sportive que nous mettons à l’honneur ce mois-ci. Plus exactement, une passionnée de montagne et qui durant toute sa vie s’est dévouée pour la société sportive qu’elle avait créée, Pyrénéa sports. Elle a souhaité partager et démocratiser la pratique sportive pour les jeunes femmes puis l’accès à la montagne pour tous.

Née en 1909 à Sète, Suzanne Capdepon rencontre Simon Bacarisse avec qui elle se marie à Pau le 24 avril 1935 (acte de mariage conservé sous la cote 4 E 445/139). Auxiliaire administrative à la Préfecture des Basses-Pyrénées à partir du 11 avril 1940, tour à tour aux services des Cartes d’alimentation, du Crédits charbon, puis des Permis de conduire, Suzanne Bacarisse s’illustre surtout dans l’animation du tissu associatif sportif palois (sources : 1031 W 12 et 15).

Photographie de Suzanne Bacarisse extraite du Journal Pyrénéa, janvier 1967, cote BIB PR159/1967, n°26

Pyrénéa Sport, la création d’une société sportive au féminin

Le 25 févier 1939, Suzanne Bacarisse participe à la fondation d’une société d’éducation physique et sportive, Pyrénéa-Sports ; elle en devient vice-présidente. Déclaré au Journal officiel du 15 mars 1939, cette nouvelle société a pour but premier de « réunir tous les éléments féminins désirant acquérir et conserver force et santé par la pratique des exercices physiques et des sports ». Le conseil d’administration composé de douze membres, quasi exclusivement féminin (à l’exception d’un assesseur homme, Simon, son mari). À travers ses statuts, déposés en Préfecture (conservé sous la cote 4 M 123), l’association se veut un lieu de santé du corps sportif (alinéa b), d’éducation aux femmes (alinéa c), de revendications d'infrastructures permettant la pratique féminine (al. d), de transmissions de connaissances sur la culture et l’hygiène du corps (al. e) et d’organisation d’évènements, de rencontres, de voyages ou de festivités (al. f, g et i).

Déclaration de constitution de la société ( 4 M 123)

Consulter les statuts intégralement (4 M 123) (519 ko, PDF)

Les membres actifs de la société comprennent des aînées (dames, jeunes filles à partir de quatorze ans) et des cadettes (fillettes). Timide à ses débuts, la société va connaître une augmentation croissante de ses membres en même temps que se constituent les premières sections sportives.
L’annonce de cette nouvelle société sportive paraît également dans la presse de l’époque (article du 17 février 1939 dans Le Patriote des Pyrénées) et indique la création de trois sections sportives : la gymnastique et l’éducation sportive, toutes deux affiliées à la Fédération féminine française de gymnastique et d'éducation physique (FFFGEP), et le basket-ball.
Cette dernière section rapporte à la société ses premiers lauriers.

L’équipe de basket, porte-drapeau de Pyrénéa

Premier club de basket féminin des Basses Pyrénées, les équipes de Pyrénéa disputent leurs premières rencontres amicales au vélodrome de Pau (actuel stade Philippe Tissié, en face de la gare) le dimanche 23 avril 1939 face aux Hirondelles de Montréal venues du Gers (article du samedi 22 avril 1939 dans L’Indépendant des Pyrénées, cote BIB PR1 ; du 20 avril 1939 dans Le Patriote des Pyrénées).

Après-guerre, l’équipe se structure et gravit rapidement les échelons du basket national jusqu’à atteindre, durant la saison 1948-1949, le championnat de France Excellence (première division nationale).

Il est difficile de définir réellement le rôle de Suzanne Bacarisse dans ces premiers exploits tant les résumés de rencontres sont concis et ne présentent pas les acteurs de la partie. Mais le basket-ball est une passion qu’elle partage avec son mari, joueur de l’équipe masculine de la Section paloise dans les années 1930 et arbitre fédéral. Le couple participe grandement au développement de ce sport dans le département en occupant des fonctions de secrétaires et membres du comité départemental de basket, du comité directeur de la Ligue de Guyenne puis de la Ligue de l’Adour.

Suzanne à la montagne

Très tôt, en tant qu’animatrice du club palois, Suzanne souhaite favoriser la pratique des activités montagnardes. Son but était d’amener un maximum de jeunes à découvrir et pratiquer des sports dans les Pyrénées, hiver comme été.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle organise des sorties et inaugure, en 1942, le premier camp de montagne au Lac d’Ayous, au cœur de la Vallée d’Ossau. Ces camps annuels de montagne vont se succéder et devenir des camps internationaux de haute montagne, se déroulant aussi bien dans les Pyrénées françaises qu’espagnoles.

Les « Jeudis » à la neige

À l’hiver 1956, Suzanne propose la première excursion des « jeudis » à la neige à Gourette. Rappelons que jusqu’en 1969, collégiens et lycéens n'allaient pas à l'école le jeudi et que pour les élèves d’école primaire cette règle perdurera jusqu’en 1972.

Si, à sa création, les jeunes sociétaires se comptent sur les doigts d’une main, très vite, les jeudis à la neige vont connaître un franc succès. En termes d’organisation, Suzanne aidée par l’équipe du club omnisport et épaulée par son mari, Simon, obtient quelques subventions, pour l’achat de matériel sportif entre autre. Avec persévérance, volonté et efficacité, elle établit les calendriers des sorties. De novembre à avril, les élèves âgés de 8 à 16 ans suivent des cours de ski donnés par des moniteurs qualifiés, tels Germain Bordes et Etienne Florence.

C’est ainsi que des milliers de jeunes béarnais découvriront en toute sécurité les joies du ski !

(Sources : fonds de la presse, BIB PR159/1967, n°26 : article de Pyrénéa, janvier 1967)

Carte postale Vue de Gourette, 8FI129_204_01108

Une grande promotrice d’infrastructures sportives

Organisatrice, éducatrice, Suzanne était aussi une fine administratrice, qui a su doté Pyrénéa-Sports de biens immobiliers et l’équiper de structures capitales pour la pratique de sports tels que le camping et la piscine du Coy, à Bizanos, en 1947, le chalet de Gourette en 1946 ou encore le chalet de Bious-Artigues en 1958.

Enfin, à travers sa société d’expansion, la SODEX,  le club palois a participé à l’extension de la station de ski de Gourette, notamment en l’équipant de téléskis, dont celui du Tremplin, long de 250 mètres, inauguré le 15 janvier 1961. Quelques années plus tard, l’ensemble des remontées de la SODEX seront repris par le Département.

(Sources : fonds du Cabinet du Préfet, 1031 W 258 : jeunesse et sports, manifestations sportives, ski, stations de ski, sports de plein air ; Bibliothèque historique, BIB P99/2011, n°22, Revue de l'association mémoire collective en Béarn)

Affiche de la station de ski de Gourette, 7FI538

Membre du comité régional de la Fédération française de Montagne, distinguée par la médaille d’or de l’Education physique et sportive et la Croix de Chevalier du Mérite sportif, Suzanne Bacarisse décède brutalement le 13 juillet 1966.

L’association Pyrénéa-Sport est toujours active de nos jours. Si la section basket a été fondue, en 1986, au sein de l’Amicale Sportive et Culturelle Pau BC, les sections liées aux sports de montagne sont devenues au fil du temps l’un des plus grands clubs de montagne du département et totalise aujourd’hui plus de 500 adhérents.

Les sources de l'histoire associative

Si vous souhaitez consulter les archives d’une association, il est intéressant de connaître si cette association est dissoute ou non. Si elle est dissoute, vous retrouverez les dossiers de constitution de cette association dans les fonds de la Préfecture versés aux Archives départementales.

Si l’association est active, il est possible de demander au service de la Préfecture une copie des documents tels que les statuts et éventuelles modifications.

Les fonds d’archives d’associations sont classés en série J (archives d’origine privée) aux Archives départementales. C’est dans cet ensemble que l’on retrouve des fonds remis  en don ou en dépôt par les associations.

Cependant, d’autres séries peuvent être consultées pour la période antérieure à 1940 : la série M (administration générale et économie), la série T (enseignement, affaires culturelles, sports), la sous-série 8 V (pour les associations cultuelles), la série X (domaine de l’assistance), la série U (justice pour les contentieux). Enfin, si les associations possèdent un patrimoine immobilier, il est possible de consulter les séries P (contributions) et 3 E (notaires).

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