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Si Jeanne d’Albret est l’une des rares femmes à avoir donné son nom à des rues ou des établissements scolaires dans le département, elle n’en est pas moins méconnue. Cette femme du XVIe siècle, née le 16 novembre 1528 à Saint-Germain-en-Laye, fut une épouse aimante, une mère, une femme de pouvoir et de convictions.
C’est la toute jeune fille que nous mettons en lumière ici.
Alors qu’elle était élevée en Normandie par Madame de la Fayette, une dame de confiance de sa mère Marguerite de Navarre, son oncle maternel, François Ier fait assigner Jeanne à résidence au château de Plessis-lèz-Tours, près de Blois en 1538, afin de la garder sous sa coupe. Jeanne se trouve en effet au centre d’intérêts divergents : ceux de son oncle et ceux de son père. Le puissant Roi de France, en guerre avec Charles Quint, souhaite que sa nièce épouse un parti qui lui soit profitable. Il a choisi dès 1534 le Duc de Clèves, un seigneur allemand dont les possessions ne font pas partie du Saint Empire. Son père, Henri de Navarre, est quant à lui en tractations secrètes depuis 1537 pour lui faire épouser le fils de Charles Quint, l’infant Philippe, avec comme objectif de récupérer la partie de son royaume de Navarre située au sud des Pyrénées.
Au printemps 1540, les choses se précipitent : Charles Quint fait demander officiellement, pour son fils, la main de Jeanne à son père, et Guillaume de La Marck, duc de Clèves demande la main de Jeanne à François Ier. François Ier s’emploie à convaincre sa sœur et son beau-frère d’accepter ce mariage. Il promet à Henri de Navarre de l’aider à reconquérir la partie perdue de son royaume. Le roi et la reine de Navarre, quelque peu contraints, finissent par accepter, du moins officiellement, d’autant que Jeanne n’est pas libre de ses mouvements. Un contrat de mariage est signé le 16 juillet 1540, mais la noce aura lieu ultérieurement car Jeanne n’a que 12 ans.
Les circonstances vont ensuite jouer en faveur de Jeanne : sa santé fragile l’empêche dans un premier temps d’entreprendre le voyage pour rejoindre le duché de Clèves. Mais en septembre 1543, plus d’excuses d’âge ou de santé : Jeanne doit quitter le royaume de France où elle vivait toujours et rejoindre son époux. Le Roi de France et sa suite l’accompagnent, mais un coup de théâtre se produit alors qu’ils approchent de la frontière, une annonce inespérée pour Jeanne : Charles Quint a pris un certain nombre des possessions de son époux et il l’a contraint à ne plus avoir de relations avec la France. Retour, donc, dans la région de Blois.
Les choses vont alors s’enchaîner : le Duc de Clèves n’ayant plus d’intérêt aux yeux de François Ier et les lettres de protestations ayant été révélées, une procédure d’annulation est lancée. Chacun semble y trouver son intérêt. Jeanne doit néanmoins réitérer une protestation puis passer, seule, devant un conseil religieux.
En la presance de vous noteres et tesmoings sy presans
Je declayre et vous Jure que depuis les protestasions que jay sy
devant faictes tant ce jour des certaynes pretandues fiansalles
dentre le duc de cleves et moy qui le lendemain des
dictes fiansalles Jay toujours demeure et enquore
suis en la mesme opinion volunte et intension
que jestois lhors et au temps de mesohrtes protestasions
et nay voulu ni entendu prendre ledit duc de
cleves pour mari comme ausy je ne le veulx ni
entens prandre pour mari et ce que jen ay dist de
bouche a este par force et contraincte tout aynsy
quil est contenu audictes protestations et enquore
Je i presiste faict à lencon au moys doctobre
[M]VCXVIIII (1544)
Jehanne de navarre
Le 12 octobre 1545, l’annulation du mariage est prononcée par le Pape et Jeanne d’Albret recouvre sa liberté, mais son oncle et son père ont encore des projets de mariage pour elle.
Jeanne, malgré son jeune âge et sa santé fragile, a fait preuve d’une grande force de caractère, et, avec un coup de pouce du destin, elle a pu échapper à ce mariage. Elle a ainsi pu, trois années plus tard, faire un mariage dans l’intérêt de son oncle, mais cette fois également, un mariage d’amour avec Antoine de Bourbon. C’est ainsi qu’elle deviendra la mère d’Henri III de Navarre, futur Henri IV de France.
Nul doute que l’histoire aurait été bien différente si elle était devenue duchesse de Clèves.