Une piscine place Verdun

2024

Histoire d'un projet architectural avorté

Le contexte

Dans la première moitié du XXe siècle, la ville de Pau tente d’installer une piscine à Pau consciente de l’intérêt sanitaire, social et touristique d’un tel édifice. Néanmoins, trouver l’emplacement d’une telle infrastructure n’est pas de tout repos…

En septembre 1941, les conditions d'un concours d’architecte pour l’édification d’une piscine place Verdun sont fixées par une délibération municipale. Les délibérations sont des textes administratifs, et connaitre les conditions et modalités de participation au concours peut sembler peu passionnant. Et pourtant, ce document truffé de détails et de références au contexte de l’époque se révèle d’une lecture captivante. Il reste aussi un texte politique, où la conception sociale et culturelle autour de la natation se dessine au milieu de descriptions détaillées des excrétas et micro-organismes présents dans l’eau de nos bassins...

Le document

Les délibérations

Les délibérations sont les décisions prises par le conseil municipal. Ces documents sont reliés en registre et conservés en mairie. Dans le cadre du contrôle de la légalité, la préfecture reçoit des copies des délibérations communales. C’est le cas ici. Ce document est extrait des registres des délibérations comme l’indique son en-tête. Il est conservé dans la cote 119 W 169. Le versement 119 W est un versement de la préfecture des Basses-Pyrénées concernant le contrôle administratif et financier de l’État sur la période 1925-1961.

Cliquez sur l'image pour consulter le document dans son intégralité (119 W 169)

La délibération restitue le discours de l’élu lors de la séance du conseil municipal. La première partie du texte, précédent le règlement du concours, donne à entendre les éléments de langage des années 1940. Nombre d’entre eux sont toujours d’actualité.
Jacques Rozier insiste sur l’image de Pau, « reine des sports », et sur la dimension touristique de la ville. Posséder une infrastructure sportive telle qu’une piscine moderne apparait dans ce contexte un atout essentiel pour la ville. Elle permettrait d’attirer de nouvelles populations de passage à Pau.
Le contexte de la guerre n’est bien sûr pas éludé. Former au sport, notamment la jeunesse, comprend dans ce contexte une dimension morale et patriotique essentielle.
Mais le texte met également l’accent sur un enjeu de société resté important : le risque de noyade. La création d’une piscine est donc, dans ce contexte, doublement nécessaire pour la population locale. Le projet comprend d’ailleurs « un bassin école pour enfants ».

L’élu ne fait pas fi de l’historique des différents projets ayant déjà été avortés. Il mentionne également les raisons du choix de ce site, la place Verdun et les réticences que cela peut entrainer. Le maintien des perspectives de la place est un élément essentiel du concours architectural, répété à plusieurs reprises dans le texte.
Les questions hygiénistes ne sont pas éludées. Il n’est sans doute pas anodin que l’élu rapporteur de ce projet soit un médecin. Et les questions sanitaires sont doubles. La nation, sport complet, est décrite comme un « agent de santé » bénéfique à qui la pratiquera. Mais le texte insiste également longuement sur les risques sanitaires de telles installations. Le traitement de l’eau est mentionné comme un élément essentiel du projet.

Le document fournit ensuite le détail du programme du concours architectural. Il récapitule les demandes techniques sur les bassins mais aussi les plongeoirs ou encore les gradins, mais aussi les mesures administratives à prendre pour concourir.

Malgré cela, ce projet de piscine ne verra jamais le jour et dès 1942 un nouvel emplacement est envisagé pour la piscine municipale, les jardins Noulibos ! L’épineuse question des bassins d’eau de la ville de Pau ne sera réglée qu’avec la construction du stade nautique au début des années 1960.

Bouton Haut de page