Tentations républicaines

Le XIXème siècle

L’élection du premier Président de la République

La mise en place des institutions

En 1848, les émeutes parisiennes font tomber la monarchie constitutionnelle. Les hommes à la tête de ce régime, fondé sur la Charte de 1830, n’ont pas accepté d’accroître les libertés offertes par ce texte comme l’entendait une part de la population. Après l’abdication de Louis-Philippe (24 février), la République est proclamée. Un gouvernement provisoire est formé ; il propose l’élection d’une Assemblée qui doit voter la Constitution. L’Assemblée constituante est élue le 23 avril, la Constitution adoptée le 4 novembre 1848. Il ne manque qu’une pièce pour installer la République : l’élection de son président.

Le rôle du président

Cette fonction est une innovation de la IIème République. Les débats ont été nombreux à l’Assemblée sur son rôle et son mode d’élection, sur son existence même. Mais la question a été tranchée : le président est le chef de l’État et du gouvernement, ce qui lui donne un pouvoir majeur. Il est élu au suffrage universel masculin direct pour un mandat de quatre ans ; il ne peut se présenter pour deux mandats consécutifs. Les 10 et 11 décembre 1848, il faut donc pour la deuxième fois en un an organiser une élection de grande ampleur.

Sous la Monarchie de Juillet, le système censitaire ne donne qu’à 250 000 hommes le droit de voter. Les listes électorales de 1848 comprennent neuf millions d'inscrits. Pour les élections présidentielles, 75 060 hommes inscrits sur les listes électorales votent en Basses-Pyrénées. La participation est de 63 %.

L’organisation du vote

Des instructions permettent d’encadrer la tenue des élections. Le procès-verbal des élections pour le canton de Salies (E dépôt Salies-de-Béarn 1K20) témoigne de cette organisation.

Consulter le document...

ou sa transcription pour découvrir le déroulement des journées du 10 et 11 décembre à Salies-de-Béarn!


En 1848 le vote devient secret, mais il faut attendre les années 1880 pour qu’isoloirs et enveloppes fassent leur apparition dans les salles de vote. Le choix du dimanche (ou d’un jour férié) pour la tenue des élections est acté. Les bureaux de vote doivent fermer à 18h. Pour la première fois, des bulletins imprimés sont mis à la disposition des électeurs. Ils sont tout de même encouragés à rédiger manuellement leur bulletin pour éviter les files d’attente dans les bureaux de vote.

Candidats et résultats

Six candidats participent aux élections. Cinq sont présents dans le département :

Cavaignac

Il est député de l’Assemblée constituante. Il a réprimé les insurrections de juin 1848 en tant que chef du pouvoir exécutif.

Lamartine

Républicain modéré, il est membre du gouvernement provisoire et est élu à l’Assemblée constituante. Il a grandement participé à la mise en place de la République et à l’élaboration de la Constitution.

Ledru-Rollin

Il est ministre de l’Intérieur sous le gouvernement provisoire de 1848. Il a été écarté de la Commission exécutive. Il représente un courant des républicains plus radical que Lamartine et Cavaignac.

Raspail

Républicain socialiste, il est emprisonné le 15 mai 1848 pour sa participation aux manifestations qui envahissent l’Assemblée.

Louis Napoléon Bonaparte

Le « neveu de l’oncle » est soutenu par les conservateurs, qui voient en lui un homme manipulable au nom encore populaire. Il est député de l'Assemblée constituante.

Résultat des élections pour le département (3 M 30)

Transmis au Ministre le 15 décembre 1848, les résultats sont écrasants : Louis Napoléon Bonaparte remporte plus de 60 000 voix dans le département, soit 50% des inscrits, mais 82% des votants. À l’échelle nationale, il remporte 74% des voix, et est donc élu dès le premier tour. Le vote en sa faveur est principalement un vote des campagnes, qui ne se retrouvent pas dans le programme des républicains très ancré sur le monde ouvrier.

Pour aller plus loin : consulter les transcriptions des articles de journaux sur les candidats aux Archives de Pau (cote BIB G 154)

Le couronnement de la République voit l’ascension au pouvoir d’un homme qui ne lui est pas favorable. Le coup d’État de Louis Napoléon Bonaparte le 2 décembre 1851 entraine une profonde méfiance des républicains pour la fonction de président, qui ne dispose pas de pouvoirs réels sous la IIIème République.
Aux objections des parlementaires sur les dangers des pouvoirs attribués à un seul homme, Lamartine répondait à l’Assemblée constituante en octobre 1848 « Je sais qu’il y a des noms qui entrainent les foules […] Mais il faut laisser quelque chose à la Providence […] il sera beau dans l’Histoire d’avoir tenté la République. »

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