Restaurer le Trésor des Chartes

Une première campagne de restauration avait porté sur les pièces les plus prestigieuses du Trésor des chartes au début des années 1990. Mais au vu de l’état actuel des archives, il a été décidé d’entreprendre une restauration systématique, qui a commencé sur le fonds du royaume de Navarre en 2009-2011 à l’occasion d’une exposition.

Constat d'état

La première consiste en une étude complète du document dans son contenu et dans sa forme : identification de la pièce, constat d’état (support moisi ou desséché, déchirures, importances des lacunes, présence d’un sceau ou de ses attaches, etc.). Certains documents du Trésor des chartes ont traversé le temps sans dommage important et il n’est donc pas nécessaire de procéder à une intervention. D’autres – et ils sont majoritaires - ont été détériorés par l’humidité ou bien au contraire une atmosphère trop sèche, les rongeurs, les insectes. Leur mode de conservation, pliés ou roulés, le peu de soin porté à leur manipulation, les matériaux qui sont censés les protéger (chemises en papier acide) ont aussi contribué à les endommager. Le constat d’état, pièce à pièce, est donc le préalable indispensable avant de confier les documents à un restaurateur spécialisé.

Techniques de restauration

Les opérations de restauration sont adaptées à l’état du document. Elles tendent à maintenir autant que possible son aspect, sans chercher à restituer ou reconstituer la pièce d’origine. La restauration doit toujours être visible et respecter l’histoire du document !
 
Le dépoussiérage avec une brosse douce est indispensable. Si le support papier ou parchemin est très fragilisé par l’humidité, il nécessite d’être doublé par un papier japon fin qui le consolide. Dans le cas de parchemins très secs, un passage par une chambre humide permet de les assouplir et d’en faciliter la mise à plat. Lorsque les lacunes sont très importantes, il faut procéder à leur comblage, c’est-à-dire à la découpe d’une pièce de papier neutre ou de parchemin qui soit aux dimensions exactes de chaque lacune.
Selon l’état des documents, la restauration s’élève à quelques euros ou à quelques centaines d’euros. Quoi qu’il en soit, elle garantit l’arrêt des dégradations et la possibilité de consulter le document sans aggraver encore ses déchirures ou ses lacunes.

De retour aux Archives départementales, les documents sont conditionnés avec des matériaux chimiquement neutres. Les agents du service réalisent à façon des pochettes en polyester et en carton neutre adaptées aux dimensions de chaque pièce ou ensemble de pièces.
Les parchemins comportant un ou plusieurs sceaux posent des problèmes particuliers de conditionnement, les sceaux devant être bien calés pour que leur tension n’abîme la pièce à laquelle ils sont attachés. Dans le magasin dédié au Trésor des chartes, une partie des documents est alors conservée à plat dans des meubles à plans ; une autre partie – souvent des documents scellés ou de très grand format - est placée sur les rayonnages dans des boîtes de conservation roulés ou à plat.
Le Trésor des chartes compte plusieurs milliers de pièces, dont le chiffre exact ne sera connu qu’à la fin de la campagne de restauration. Au rythme de 300 ou 400 documents restaurés par an, on envisage la fin de l’opération à l’horizon de l’année 2025.