Prisonniers
Les prisonniers de guerre arrivent dans le département par le train. Le premier impératif est de trouver les lieux où les détenir. Le département comprend deux principaux dépôts de prisonniers :
- A Pau, 300 détenus en moyenne. Déplacé à plusieurs reprises durant la guerre, le dépôt est toujours situé en périphérie de la ville, pour des raisons de sécurité, d’hygiène, et par crainte de voir s’installer des Allemands à proximité de chez soi.
- A Saint-Jean-Pied-de-Port, la citadelle abrite uniquement des prisonniers blessés avant leur renvoi vers un dépôt de prisonniers traditionnel.
Les prisonniers sont avant tout des travailleurs. Rémunérés, et repérés par leur uniforme où figurent les lettres PG, ils travaillent principalement dans les travaux publics, pour l’industrie et dans les champs. Ils réalisent notamment la ligne de tramway entre Pau et Sault-de-Navailles.
Leurs conditions de vie et de travail sont encadrées afin de les protéger. On rationne leur alimentation sur les quantités distribuées aux soldats français. Au menu, viande quatre fois par semaine, un pain tous les deux jours, pommes de terre, carottes, choux, oignons et pois cassés. Les prisonniers font eux-mêmes leur cuisine. La Croix rouge leur fournit régulièrement des vêtements.
Pourtant, leurs conditions de vie ne sont guère réjouissantes. En hiver 14, des fièvres déciment le camp de Pau.
Bien sûr, la surveillance reste une préoccupation. Malgré le recours à la gendarmerie et à la garde civile, les évasions sont relativement nombreuses : la frontière avec l’Espagne neutre et la mer font alors figure d’eldorado.
Basques et Béarnais se familiarisent avec cette présence de l’ennemi à quelques pas de chez eux. Lorsqu’en 1915 on envisage de remplacer les prisonniers allemands à Saint-Jean-Pied-de-Port par des disciplinaires, la population de la ville s’insurge. Elle a trouvé plus terribles ennemis au calme de la ville que l’ennemi héréditaire…